
UEMOA : La BCEAO renforce le contrôle des changes pour sécuriser les flux financiers.
La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) vient de franchir une nouvelle étape dans la régulation financière régionale. Elle a publié 11 instructions clés pour encadrer plus strictement les opérations de change et flux financiers transfrontaliers dans les huit pays membres de l’UEMOA.
Objectif : assurer la traçabilité des mouvements de capitaux, sécuriser les investissements et renforcer la lutte contre le blanchiment et la fraude fiscale.
Un cadre réglementaire modernisé
Ces nouvelles directives s’inscrivent dans le prolongement du Règlement n° 06/2024/CM/UEMOA, adopté fin 2024, qui a refondu la réglementation des relations financières extérieures.
Désormais, toute opération financière à l’international – investissements directs ou de portefeuille, prêts, garanties, import‑export – doit être déclarée à la BCEAO ou aux autorités financières dans un délai de 30 jours. Les flux doivent passer par des banques locales agréées, renforçant ainsi le suivi et la transparence.
Les principales innovations
Parmi les 11 instructions publiées :
- Domiciliation bancaire obligatoire pour les investissements et les prêts afin de retracer chaque flux ;
- Encadrement des comptes en devises pour les non-résidents, limitant les risques de sorties illicites de capitaux ;
- Règles strictes pour le change manuel et obligation de tenue de registres pour les opérateurs agréés ;
- Déclarations renforcées pour les importations et exportations, avec sanctions en cas de non-respect ;
- Encadrement des allocations de devises aux voyageurs et accès aux instruments de couverture pour les acteurs du commerce international.
Ces mesures marquent une volonté claire de la BCEAO de moderniser la régulation des changes et de renforcer la sécurité financière dans un contexte régional sensible aux flux informels.
Un signal fort pour les investisseurs
En imposant plus de transparence, la BCEAO cherche à rassurer les investisseurs régionaux et internationaux.
La réforme vise aussi à prévenir le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, tout en améliorant la production de statistiques fiables pour la balance des paiements des États membres.
Cependant, certains acteurs du secteur privé s’inquiètent d’une complexité administrative accrue, notamment pour les entreprises étrangères et les fintechs, qui devront anticiper des formalités plus strictes pour leurs opérations.
Avec ces instructions, l’UEMOA renforce son cadre financier commun, un pas de plus vers une intégration monétaire sécurisée et crédible.
La Rédaction