UEMOA : Forte baisse des prix des produits exportés en mars, les économies sous pression !

Le mois de mars 2025 a été particulièrement difficile pour les économies de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), avec une chute de 7,8 % des prix à l’exportation des principaux produits vendus à l’étranger. Cette baisse marque une accélération du recul, après un premier repli de 2,9 % enregistré en février. Une tendance qui inquiète, car elle touche directement les ressources financières des pays de l’Union.
Derrière ces chiffres, c’est la fragilité des économies agricoles de la région qui est mise en lumière. Soumises aux aléas climatiques, aux variations des stocks mondiaux et à l’instabilité géopolitique, ces économies restent très dépendantes des prix des matières premières sur les marchés internationaux.
Le cacao lourdement touché
Le cacao, deuxième produit d’exportation de la zone UEMOA après l’or, a vu son prix plonger de 17,4 % en un mois. Cette forte baisse s’explique par des prévisions de production en hausse pour la saison 2024/2025, portées par une météo favorable en Afrique de l’Ouest. De plus, les stocks mondiaux augmentent, notamment dans les entrepôts de l’Intercontinental Exchange, l’un des plus grands opérateurs mondiaux des marchés des matières premières. Résultat : les pays exportateurs, comme la Côte d’Ivoire, risquent de voir leurs recettes fondre, malgré des volumes plus importants.
Le café, le caoutchouc et le coton sous pression
Le café n’échappe pas à la tendance baissière, avec un recul de 2,5 %. Les pluies récentes au Brésil annoncent une bonne récolte, ce qui fait chuter les prix sur les marchés. Le caoutchouc recule quant à lui de 4,8 %, affecté par plusieurs facteurs : les craintes de taxes américaines, une production repartie à la hausse en Thaïlande et en Afrique, et un climat d’incertitude généralisée.
Le coton résiste un peu mieux avec une baisse limitée à 0,9 %, mais la situation n’est pas rassurante. Les prévisions mondiales de production en hausse exercent une pression supplémentaire sur la filière ouest-africaine, déjà confrontée à de nombreuses difficultés.
Les huiles en hausse, mais…
Dans ce contexte difficile, deux produits agricoles tirent leur épingle du jeu : l’huile de palme, dont le prix a bondi de 19,8 %, et l’huile de palmiste, en hausse de 5,3 %. Ces augmentations s’expliquent par des conditions climatiques instables en Asie et le vieillissement des plantations en Malaisie. Si ces hausses apportent un peu d’air aux exportateurs de la région, elles ne suffisent pas à compenser les pertes liées à la baisse d’autres produits.
L’or et le zinc brillent à contre-courant
Dans cette période troublée, l’or reste une valeur refuge, avec une hausse de 3,1 %. Les tensions commerciales mondiales renforcent l’attrait des investisseurs pour ce métal précieux. Le zinc, de son côté, a progressé légèrement de 0,2 %, grâce à des problèmes d’offre, notamment la réduction de production chez Nyrstar, un grand acteur mondial, et la baisse des exportations chinoises.
Des conséquences économiques sérieuses
Ces chiffres, publiés récemment par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), mettent en évidence les risques économiques grandissants pour la région. Une baisse des prix à l’export signifie moins de recettes pour les États, moins de rentrées fiscales, une réduction des réserves de devises étrangères, et potentiellement une aggravation du déficit commercial. Cela pourrait aussi entraîner des tensions sur la balance des paiements, affectant la stabilité économique de l’Union.
Dans un contexte déjà marqué par les incertitudes mondiales, cette volatilité des cours des matières premières rappelle la nécessité, pour les pays de l’UEMOA, de diversifier leurs économies et de renforcer leur résilience face aux chocs extérieurs.
Y.Berthé