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Souveraineté financière : L’Afrique veut se libérer du joug extérieur.

Face aux défis du développement, l’Afrique choisit une voie nouvelle : celle de la souveraineté financière. Une ambition portée par les institutions panafricaines, les régulateurs et les acteurs privés, qui entendent construire un système financier solide, inclusif et pleinement africain.


« Notre capital, notre puissance ». Ce mot d’ordre, loin d’être un simple slogan, résume l’esprit de la mobilisation en cours. À l’initiative de l’Africa Financial Industry Summit (AFIS), des personnalités clés de la finance africaine banquiers centraux, régulateurs, fintechs, assureurs et investisseurs se sont donné rendez-vous pour un diagnostic commun : l’Afrique ne peut plus dépendre d’un système financier conçu ailleurs, ni des cycles d’endettement extérieurs pour financer ses ambitions.

Ce tournant stratégique repose sur un constat : la vraie souveraineté ne se limite pas à l’indépendance politique. Elle passe aussi par la capacité à mobiliser son propre capital pour financer ses priorités.


Un secteur financier panafricain à inventer

Le sommet s’est focalisé sur les grands chantiers de transformation du secteur financier africain :

  • Intégration régionale : permettre aux capitaux de circuler plus librement entre pays.
  • Digitalisation : favoriser l’émergence de services accessibles à tous, même en zones rurales.
  • Régulation harmonisée : créer un environnement de confiance, stable pour les investisseurs.
  • Soutien aux PME : principal tissu économique du continent, mais souvent exclu du crédit.

L’Afrique est aujourd’hui confrontée à un paradoxe : alors que l’épargne locale existe, elle reste faiblement mobilisée à cause d’un accès limité aux services bancaires et d’une faible culture financière.


L’IFC en renfort : 56 milliards de dollars pour les pays en développement

À l’occasion de cet élan panafricain, l’International Finance Corporation (IFC), filiale du Groupe de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, a annoncé un engagement record de 56 milliards de dollars pour l’année 2024, répartis sur plus de 100 pays en développement. Une partie significative de cette enveloppe est destinée à l’Afrique.

L’objectif ? Stimuler l’investissement privé, soutenir les institutions locales et financer les infrastructures. L’IFC entend ainsi agir comme catalyseur pour attirer les capitaux privés et créer des opportunités économiques durables.


Rompre avec le cycle de dépendance

L’aspiration à une souveraineté financière s’inscrit dans une volonté plus large de sortir du piège de l’endettement extérieur, souvent contracté à des conditions défavorables, et rarement accompagné de transferts de compétences ou de technologies. Trop souvent, les plans de développement sont dictés par les bailleurs, avec peu de marge pour les gouvernements africains.

En construisant un secteur financier fort, les pays africains veulent reprendre la maîtrise de leurs politiques économiques et investir dans les secteurs vitaux : éducation, santé, agriculture, infrastructures.


Une révolution tranquille… mais déterminée

Si les ambitions affichées sont immenses, le chemin reste long. Il faudra du temps pour bâtir la confiance, élargir l’accès aux services financiers, harmoniser les régulations, et surtout, convaincre les citoyens que leur épargne peut servir au développement collectif.

Mais les lignes bougent. L’Afrique n’est plus uniquement spectatrice du débat mondial sur le financement du développement. Elle en devient actrice, avec une vision claire : construire un écosystème financier africain, par et pour les Africains.

La Rédaction

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