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Sénégal : Renégociations de contrats, un nouvel outil au service de la souveraineté économique.

Face aux tensions budgétaires et à la nécessité d’optimiser ses ressources internes, le Sénégal explore un levier rarement utilisé à cette échelle : la renégociation de contrats avec les entreprises nationales et étrangères opérant sur son territoire. Objectif affiché : accroître les recettes publiques tout en renforçant la justice économique.

Des recettes fiscales en forte progression

Parmi les mesures les plus marquantes, le gouvernement a récemment révisé le montant de la redevance versée par Canal+ pour l’exploitation de son service audiovisuel au Sénégal. Celle-ci est passée de 75 millions à 4,5 milliards FCFA par an, soit l’équivalent de 9 % du chiffre d’affaires local de l’entreprise.

Dans la foulée, c’est RFI (Radio France Internationale) qui a vu ses droits d’exploitation revus à la hausse : de 10 millions FCFA auparavant, la radio publique française devra désormais verser 675 millions FCFA pour ses neuf fréquences au Sénégal. Selon le député Guy Marius Sagna, très actif sur ces questions, ces deux décisions pourraient rapporter près de 5 milliards FCFA par an à l’État, contre moins de 100 millions jusqu’alors.

Le secteur énergétique également ciblé

L’État ne compte pas s’arrêter au secteur des médias. La compagnie pétrolière Woodside est elle aussi sous le coup d’un redressement fiscal. Outre les 41,47 milliards FCFA déjà réclamés, l’administration exige des dommages et intérêts pour procédure abusive et dilatoire. Le dossier est entre les mains de la justice, avec un jugement attendu le 18 septembre 2025.

Dans le domaine des infrastructures, le gouvernement a renégocié avec succès le contrat de construction de l’usine de dessalement d’eau confié à la société ACWA Power. Ce réajustement a permis d’obtenir une baisse de 9 % sur le coût du projet et la construction d’une centrale solaire supplémentaire, augmentant ainsi l’impact environnemental et économique de l’opération.

Une promesse politique mise en œuvre

Cette stratégie de renégociation n’est pas improvisée. Elle figurait parmi les engagements clés du président Bassirou Diomaye Faye durant sa campagne. Celui-ci a réaffirmé sa position dans une déclaration publique :

« On nous dit que nous ne pouvons pas renégocier. Je vous le garantis ici : nous allons renégocier. Et vous verrez ce que nous avions avant et ce que nous avons obtenu après. Si le Mali l’a fait, avec l’aide de Sénégalais, pourquoi pas nous ? »

Ce discours traduit une volonté claire de redonner à l’État un pouvoir de négociation souvent affaibli face aux multinationales, tout en envoyant un signal fort sur la gestion des ressources nationales.

Une dynamique appelée à s’étendre

De nombreux autres contrats sont actuellement à l’étude. Le gouvernement espère en tirer des bénéfices non seulement économiques, mais aussi sociaux, en exigeant des contreparties concrètes comme des infrastructures, de l’emploi local ou de meilleures conditions de fiscalité.

Dans un contexte régional où plusieurs pays – comme le Mali ou le Burkina Faso – cherchent à mieux maîtriser leurs relations économiques, le Sénégal adopte à son tour une approche plus souverainiste, marquant une nouvelle ère dans la gestion des partenariats publics-privés.


La Rédaction

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