
Sénégal : Ousmane Sonko dévoile un plan de sauvetage majeur pour La Poste.
La société nationale La Poste du Sénégal, pilier historique des services publics, traverse une crise sans précédent. Confrontée à des difficultés financières, sociales et structurelles, elle est aujourd’hui au cœur d’un vaste plan de sauvetage piloté par le gouvernement.
Une crise installée depuis plus d’une décennie
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les effectifs de La Poste sont passés de 2 600 agents en 2012 à plus de 4 100 en 2021, soit une hausse de près de 60 %. Cette inflation des charges salariales, estimée à +40 %, n’a pourtant pas été accompagnée d’une augmentation de productivité. Bien au contraire, le chiffre d’affaires a reculé de 26 % entre 2012 et 2025.
Cette spirale négative a conduit à un déficit structurel durable. Fin 2024, les pertes cumulées dépassaient 100 milliards de FCFA, les capitaux propres étaient négatifs de 156 milliards, et l’endettement atteignait des niveaux critiques, incluant des dettes fiscales, sociales, bancaires et fournisseurs.
Des dépôts clients menacés
Plus inquiétant encore, les comptes des usagers – notamment les Comptes Chèques Postaux et la Caisse Nationale d’Épargne – présentent un déficit de plus de 9 milliards FCFA, fragilisant la confiance des clients. Une situation qui, selon les experts, menace la crédibilité même de l’institution.
Le gouvernement passe à l’action
Face à ce tableau alarmant, un Conseil interministériel, présidé par le Premier ministre Ousmane Sonko le 1er septembre 2025, a acté un plan de sauvetage autour de plusieurs axes majeurs :
- Assainissement financier rigoureux : recapitalisation du groupe, apurement des dettes sociales et fiscales (6,1 milliards et 2 milliards respectivement).
- Rationalisation des effectifs : mise en œuvre d’un plan de départs négociés d’ici décembre 2025, tout en sécurisant le paiement des salaires.
- Restructuration et valorisation : rationalisation des filiales, valorisation du patrimoine foncier et réorganisation interne.
- Digitalisation accélérée : modernisation des services logistiques et financiers.
- Création d’une banque postale : un levier stratégique pour élargir l’offre et renforcer la confiance des usagers.
- Partenariats stratégiques : ouverture au secteur privé et aux acteurs régionaux pour redonner à La Poste une place de choix dans l’économie sénégalaise.
Une institution à refonder
Le défi est immense. Pour le Premier ministre, ce plan vise à repositionner durablement La Poste comme un opérateur public de référence, capable de s’adapter à un environnement dominé par la digitalisation et la concurrence des nouveaux acteurs de la communication et des services financiers.
La réussite de ce plan dépendra non seulement des réformes structurelles, mais aussi de la restauration de la confiance des clients, indispensable pour relancer l’activité. Si le sauvetage est mené à bien, La Poste pourrait redevenir un acteur clé du service public sénégalais.
La Rédaction