Sénégal : Le déficit commercial continue de se creuser, malgré des exportations en forte progression.
En octobre 2025, le Sénégal a enregistré une aggravation de son déficit commercial, selon les données récemment publiées par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD). Malgré une amélioration notable des exportations, les importations ont augmenté encore plus rapidement, poussant le pays à des déséquilibres plus marqués dans son commerce extérieur.
Exportations dynamiques, importations en forte hausse
L’ANSD rapporte que les exportations sénégalaises ont atteint 688,7 milliards FCFA en octobre 2025, soit une croissance spectaculaire de +93,5 % en glissement annuel et de +63,7 % par rapport à septembre 2025. Cette hausse est tirée par des secteurs clés tels que les hydrocarbures et l’or non monétaire :
- huiles brutes de pétrole : 215,6 milliards FCFA
- autres produits pétroliers : 150,1 milliards FCFA
- or non monétaire : 145,5 milliards FCFA
Cela montre que certaines filières exportatrices continuent de créer de la valeur, et que la demande extérieure pour ces biens reste soutenue.
Des importations qui grimpent encore plus vite
Toutefois, cette embellie des exportations n’a pas suffi à compenser l’augmentation des achats à l’étranger. En effet, les importations ont bondi à 796,5 milliards FCFA en octobre, en hausse de +58,5 % par rapport à septembre 2025 et de +14,1 % en glissement annuel.
Parmi les principaux postes d’importation figurent notamment :
- autres matériels de transport : 218,4 milliards FCFA
- produits pétroliers raffinés : 124,7 milliards FCFA
Ce déséquilibre dans les rythmes de croissance des échanges a eu un impact direct sur le solde commercial.
Un déficit commercial qui se creuse
En conséquence, le déficit commercial du Sénégal pour le mois d’octobre 2025 s’est établi à 107,8 milliards de FCFA, un niveau plus élevé que lors de périodes antérieures récentes, malgré la forte progression des exportations.
Cette dynamique montre que, même lorsque les exportations augmentent rapidement, une forte demande intérieure pour des biens importés peut peser lourdement sur la balance des paiements.
Tendances récentes et contexte global
Les données d’août 2025 confirment cette fragilité structurelle : le déficit commercial avait été enregistré à 112,8 milliards de FCFA en août, toujours selon des statistiques de balance commerciale.
Sur l’ensemble des neufs premiers mois de l’année, le déficit commercial reste important, même s’il a montré quelques signes d’amélioration sur certains mois (par exemple en septembre où l’écart s’était réduit).
Entre progrès des exportations et défi des importations
Le creusement du déficit commercial en octobre 2025 met en lumière le double enjeu économique du Sénégal :
- Valoriser davantage ses exportations
- Bien que les exportations de pétrole, d’or et de produits transformés aient connu une forte hausse, leur croissance ne suffit pas à équilibrer la facture des importations croissantes.
- Maîtriser l’appétit pour les importations
- L’augmentation rapide des achats à l’étranger, notamment des matériels de transport et des produits énergétiques, reflète une dépendance persistante aux biens importés, qui alourdit le déficit.
Une balance commerciale en équilibre fragile
Le tableau économique du Sénégal en 2025 ressemble à une balance en mouvement : d’un côté, des exportations qui grimpent à vive allure, portées par la valeur des hydrocarbures et des ressources naturelles ; de l’autre, des importations qui suivent leur propre trajectoire ascendante, parfois plus rapide encore.
Dans ce jeu d’équilibres, l’extension des exportations ne suffit pas à compenser une forte demande en biens étrangers. Le défi pour Dakar reste donc de renforcer la compétitivité de ses produits sur les marchés extérieurs, tout en réduisant la dépendance aux importations coûteuses.
C’est un pari essentiel si le pays veut faire de son commerce extérieur un moteur réel de croissance durable et non un solde déficitaire qui s’installe.
La Rédaction



