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Sénégal : Le budget de la Présidence explose de 160 % en 2026, entre centralisation et polémique.

C’est une ligne budgétaire qui ne passe pas inaperçue. Dans le projet de Loi de finances 2026, la Présidence de la République du Sénégal voit son budget bondir de 78,6 milliards FCFA en 2025 à 204,5 milliards FCFA, soit une hausse de plus de 160 %.
Un triplement spectaculaire qui suscite à la fois incompréhension et débats politiques, dans un contexte où le pays prône la rigueur budgétaire et la rationalisation des dépenses publiques.


Les chiffres de la controverse

Les documents budgétaires consultés par la presse sénégalaise (dont Seneweb et Vibractu) indiquent que la dotation présidentielle passe :

  • de 78,6 milliards FCFA en crédits de paiement (CP) en 2025,
  • à 204,5 milliards FCFA en CP et 243 milliards en autorisations d’engagement (AE) pour 2026.

Autrement dit, la Présidence absorbera plus du double de ses ressources habituelles. Cette croissance budgétaire dépasse largement celle d’autres institutions : la Primature n’affiche qu’une légère hausse, tandis que l’Assemblée nationale recule de quelques milliards.


Des explications officielles… prudentes

Face à la polémique, le vice-président de l’Assemblée nationale, Ismaïla Diallo, a tenté de désamorcer la situation.
Selon lui, cette hausse ne traduit pas une explosion des dépenses de prestige, mais une restructuration administrative :

« Plusieurs services et agences ont été rattachés à la Présidence dans le cadre de la réforme de l’État. Les crédits correspondants sont donc consolidés dans ce budget. »

Autrement dit, le Palais ne disposerait pas de plus de moyens discrétionnaires, mais plutôt d’une centralisation comptable.
Cependant, cette justification ne convainc pas tout le monde. Certains députés d’opposition dénoncent une opacité persistante autour des dépenses de souveraineté et des “crédits confidentiels” de la Présidence.


Un contexte budgétaire tendu

Cette hausse survient alors que le gouvernement sénégalais ambitionne une augmentation globale de ses recettes de +23,4 % en 2026.
Le pays doit toutefois jongler avec :

  • un déficit budgétaire toujours supérieur à 4 % du PIB,
  • une pression fiscale record sur les entreprises et les ménages,
  • et des besoins sociaux croissants (emploi, éducation, énergie).

Dans ce contexte, voir la Présidence augmenter ses moyens de 160 % en une année a forcément un goût amer pour certains citoyens.


Entre symbolique et stratégie

Pour les partisans du président Bassirou Diomaye Faye, cette mesure reflète un changement structurel : il s’agirait de mieux coordonner la réforme de l’administration publique et de renforcer le pilotage stratégique du gouvernement.
Mais pour d’autres, cela illustre le poids croissant de l’exécutif dans un système déjà hyperprésidentiel.


La question de la transparence

Les observateurs économiques appellent à un effort de clarté budgétaire.
Car si le rattachement de nouvelles agences explique une partie de la hausse, il reste difficile de savoir quelles missions précises absorberont ces ressources supplémentaires.
Les rapports d’exécution budgétaire du premier semestre 2026 seront donc scrutés à la loupe.


En multipliant par plus de deux le budget du Palais, le Sénégal s’offre un luxe budgétaire… que seule une transparence totale pourra justifier.
Reste à voir si, derrière les chiffres, la réforme annoncée changera réellement la gouvernance ou simplement la taille du carnet de chèques présidentiel.

La Rédaction

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