
Sénégal : La dette grignote le budget et freine les investissements publics.
À la fin du deuxième trimestre 2025, l’exécution du budget sénégalais révèle une tendance préoccupante : des recettes fiscales en hausse mais insuffisantes pour compenser l’envolée des charges liées à la dette.
Selon le rapport officiel du ministère des Finances, le pays a mobilisé 4 474,1 milliards FCFA sur les six premiers mois de l’année, soit 43,1 % des prévisions de la Loi de Finances rectificative.
Des recettes fiscales dynamiques, mais limitées
La bonne nouvelle vient des impôts : les recettes fiscales atteignent 2 226,3 milliards FCFA, en progression de 8,5 % par rapport à l’an dernier.
Cette performance reflète une amélioration du recouvrement, mais aussi un effort accru de l’administration fiscale. Toutefois, cet élan ne suffit pas à compenser la montée rapide des dépenses incompressibles.
La dette publique : un fardeau croissant
Les charges de la dette pèsent lourd : 501,1 milliards FCFA déboursés au premier semestre, dont 80,5 % pour la dette extérieure et 19,5 % pour la dette intérieure.
Par rapport à 2024, cela représente près de 291 milliards FCFA de plus. Cette hausse spectaculaire s’explique notamment par le remboursement d’une dette bancaire contractée en dehors des circuits habituels, révélant la vulnérabilité du pays face à ses créanciers.
Des dépenses de fonctionnement qui absorbent le budget
Les dépenses courantes atteignent 2 232,7 milliards FCFA, soit plus de la moitié de l’enveloppe prévue pour l’année. Parmi elles, la masse salariale absorbe 724,1 milliards FCFA, en hausse de 3,3 %.
Ces charges récurrentes, incompressibles, laissent peu de marge pour financer les investissements stratégiques nécessaires à la transformation économique du pays.
Investissements publics en net ralentissement
Seuls 581,9 milliards FCFA ont été mobilisés pour les investissements publics, soit à peine 30 % des objectifs annuels.
Autrement dit, l’État dépense beaucoup pour rembourser sa dette et payer ses fonctionnaires, mais peu pour construire des routes, des écoles ou des infrastructures agricoles. Un déséquilibre qui interroge sur la capacité du Sénégal à soutenir une croissance durable.
Un déficit maîtrisé mais persistant
Le déficit budgétaire s’établit à 588,3 milliards FCFA, soit 34,7 % de la cible annuelle. Certes, il reste contenu, mais il illustre la difficulté du gouvernement à financer ses ambitions sans recourir massivement aux marchés financiers.
D’ailleurs, 74 % du financement provient d’emprunts bancaires et obligataires, confirmant la dépendance du pays à la dette.
Entre recettes fiscales dynamiques mais limitées, dette publique écrasante et investissements en panne, le budget du Sénégal au premier semestre 2025 donne l’image d’un pays en équilibre précaire.
Le véritable défi sera de réussir à desserrer l’étau de la dette tout en relançant l’investissement public. Faute de quoi, le risque est grand de voir la croissance ralentir, avec un impact direct sur la vie quotidienne des Sénégalais.
La Rédaction