
Sénégal – France : Un partenariat en quête de renouveau.
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye était à Paris sur invitation du patronat français. L’occasion pour lui d’échanger avec son homologue Emmanuel Macron autour d’un petit-déjeuner de travail. Objectif affiché : revoir en profondeur le portefeuille des programmes de coopération entre les deux pays.
Une relation historique en mutation
Depuis des décennies, la France occupe une place particulière dans la coopération économique, sociale et sécuritaire du Sénégal. Mais ces dernières années, la donne change. Dakar multiplie les ouvertures vers d’autres horizons – Chine, Turquie, pays africains – afin de diversifier ses partenariats.
Pour autant, Bassirou Diomaye Faye se veut clair : le Sénégal reste « ouvert à tous les partenariats », y compris avec la France, à condition que la relation soit équilibrée, respectueuse et profitable aux deux peuples.
Des priorités stratégiques
Lors de la rencontre avec Emmanuel Macron, plusieurs dossiers sensibles ont été abordés :
- Investissement et commerce, alors que la France a perdu son rang de premier fournisseur au profit de la Chine.
- Défense et sécurité, un sujet délicat depuis le départ des troupes françaises basées à Dakar.
- Mémoire et culture, éléments toujours sensibles dans les relations entre les deux pays.
Ce dialogue prépare aussi un séminaire intergouvernemental prévu dans les prochaines semaines à Paris, où le Premier ministre Ousmane Sonko et plusieurs ministres sénégalais viendront tracer les nouvelles pistes de collaboration.
La montée en puissance de la Chine
Les chiffres illustrent ce basculement : en 2024, les importations en provenance de France ont chuté de 17 %, à 725 milliards FCFA, tandis que celles de Chine bondissaient de 8 %, pour atteindre 848 milliards FCFA. Pékin est désormais le premier fournisseur du Sénégal, un symbole fort de la nouvelle carte économique du pays.
Vers une coopération « adulte »
Pour le nouveau régime sénégalais, l’orientation est claire : il ne peut y avoir de relation paternaliste. Tout partenariat, avec la France comme avec d’autres acteurs, doit reposer sur l’égalité, les intérêts mutuels et le respect de la souveraineté nationale.
Une rencontre symbolique
Ce petit-déjeuner à l’Élysée dépasse donc la simple cordialité diplomatique. Il marque le début d’une phase nouvelle : celle où le Sénégal, fort de sa stabilité et de son poids stratégique en Afrique de l’Ouest, entend choisir librement ses alliances et imposer un partenariat d’égal à égal.
Paris et Dakar cherchent à écrire une nouvelle page. Mais pour que cette histoire commune s’ancre durablement, encore faudra-t-il qu’elle ne se raconte plus à sens unique.
La Rédaction