
Routes en plastique : Quand le Japon et la BAD ouvrent une nouvelle voie pour l’Afrique.
L’Afrique fait face à un défi colossal : répondre à des besoins en infrastructures routières estimés à plus de 130 milliards de dollars par an, soit environ 73 000 milliards de FCFA. Les routes, déjà insuffisantes, se dégradent rapidement sous l’effet du changement climatique. Dans le même temps, la gestion des déchets plastiques est devenue une urgence environnementale.
Pour répondre à ce double défi, la Banque africaine de développement (BAD) a signé, le 21 août dernier, une lettre d’intention avec trois géants japonais du BTP — Shimizu Corporation, Kao Corporation et Nippon Road Co Ltd. L’accord a été conclu lors de la 9ᵉ Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 9), organisée du 20 au 22 août à Yokohama, au Japon.
Un mélange inédit : asphalte et plastique recyclé
Au cœur de cet accord se trouve une innovation technologique : le béton bitumineux PET, un mélange d’asphalte et de plastique recyclé issu des bouteilles d’eau minérale. Ce matériau a été sélectionné en juin 2025 dans le cadre du Programme d’entretien routier durable pour l’Afrique (SRMPA), lancé par la BAD.
Cette solution, déjà testée au Kenya depuis mai dernier, vise à prolonger la durée de vie des routes africaines, tout en apportant une réponse à la pollution plastique. Elle pourrait réduire significativement les coûts d’entretien, améliorer la résilience des infrastructures face aux changements climatiques, et encourager l’économie circulaire.
La BAD en chef d’orchestre, le Japon en partenaire technique
Selon l’accord, la BAD jouera un rôle central : coordination avec les gouvernements africains, sensibilisation des populations, exploration des solutions de financement et appui au renforcement des capacités locales.
De leur côté, les groupes japonais s’engagent à conduire des études de faisabilité, à tester le béton bitumineux PET dans différents contextes routiers africains, et à évaluer les perspectives d’investissement pour un passage à grande échelle.
Une coopération inscrite dans la durée
Cette initiative illustre la stratégie croissante de la BAD : s’appuyer sur des partenariats internationaux pour trouver des solutions innovantes aux défis du continent. Elle s’inscrit également dans l’esprit de la TICAD, un cadre de coopération économique entre le Japon et l’Afrique qui existe depuis près de 30 ans.
Si les tests sont concluants, l’Afrique pourrait disposer d’une solution routière à la fois écologique, économique et durable. Les routes pourraient ainsi mieux résister à l’épreuve du temps et aux bouleversements climatiques, tout en valorisant des millions de tonnes de déchets plastiques.
Une route vers l’avenir
Dans un continent où les routes sont bien plus qu’un simple moyen de transport — elles représentent un moteur de développement économique, d’intégration régionale et d’accès aux services essentiels — cette innovation venue du Japon pourrait marquer un tournant.
À l’heure où le plastique est souvent perçu comme un fléau, il pourrait bien devenir, en Afrique, la matière première qui redonne espoir à des routes plus solides, plus propres et plus durables.
La Rédaction