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Réformes fiscales : Comment les pays en développement peuvent gagner 1,2 point de PIB sans lever de nouvel impôt.

Et si la clé pour renforcer les budgets publics ne résidait pas dans de nouveaux impôts, mais dans une meilleure gestion de ceux déjà existants ? Selon plusieurs études récentes du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, les pays en développement pourraient augmenter leurs recettes fiscales de jusqu’à 1,2 point de PIB simplement en améliorant la collecte et l’efficacité de leurs systèmes fiscaux.


Des milliards “oubliés” dans les tuyaux fiscaux

Le FMI estime que la plupart des pays à faible revenu disposent d’un potentiel fiscal inexploité compris entre 1 et 2 points de PIB.
En clair : sans même créer de nouveaux impôts, ces États pourraient engranger des milliards supplémentaires simplement en réduisant les failles administratives et la fraude fiscale.

Un rapport du FMI publié en 2024, intitulé “Unlocking Revenue Potential in Emerging Economies”, précise que des réformes ciblées dans la collecte, la digitalisation et le contrôle fiscal permettraient d’accroître les recettes publiques de 1,4 point de PIB en moyenne, voire davantage dans les économies émergentes performantes.


Les exemples parlent d’eux-mêmes

  • En Ouganda, la Banque mondiale estime qu’une meilleure gestion des exonérations fiscales et une digitalisation complète du système de collecte pourraient rapporter 0,5 point de PIB supplémentaire chaque année.
  • Au Kenya et au Ghana, les efforts pour élargir la base fiscale et intégrer l’économie informelle ont permis une hausse de recettes de 0,8 à 1 point de PIB entre 2020 et 2024.
  • Le Maroc et la Côte d’Ivoire figurent également parmi les pays qui ont misé sur la numérisation de la TVA et le suivi automatisé des grandes entreprises pour réduire les fuites fiscales.

Ces résultats montrent que la réforme n’est pas une utopie technocratique : elle a déjà un impact concret lorsqu’elle est appliquée avec rigueur.


Le piège des exonérations et de l’économie informelle

Les principales pertes fiscales proviennent souvent d’exonérations coûteuses et d’une économie informelle mal intégrée.
Selon le FMI, les exonérations fiscales représentent entre 3 et 5 % du PIB dans la plupart des pays africains. Une rationalisation de ces avantages – souvent accordés sans évaluation réelle – permettrait de dégager des ressources considérables sans alourdir la pression fiscale sur les citoyens.

L’autre enjeu majeur reste l’élargissement de la base d’imposition. Dans de nombreux pays, seuls 10 à 15 % des contribuables potentiels paient effectivement l’impôt. La digitalisation et la simplification des démarches pourraient changer la donne.


Un enjeu politique avant tout

Mais la fiscalité n’est pas qu’une affaire de chiffres. C’est aussi – et surtout – une question de volonté politique.
Les institutions financières internationales soulignent que les réformes fiscales réussies reposent sur trois piliers :

  1. Transparence dans la dépense publique ;
  2. Digitalisation des systèmes ;
  3. Lutte contre la corruption dans la chaîne de collecte.

Sans ces conditions, l’État risque de collecter plus sans pour autant améliorer la qualité de ses services — un risque politique majeur.


Collecter mieux pour gouverner mieux

Les pays en développement n’ont pas forcément besoin de lever plus d’impôts, mais de mieux collecter ceux qu’ils ont déjà.
1,2 point de PIB de recettes supplémentaires, c’est parfois l’équivalent du budget annuel de l’éducation ou de la santé.
De quoi rappeler qu’en matière de fiscalité, l’efficacité est souvent plus rentable que la pression.

La Rédaction

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