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Raffinerie nationale d’or du Mali : La pose de la première pierre marque un tournant stratégique.

Le Mali a franchi une nouvelle étape dans sa quête de souveraineté économique avec la pose solennelle de la première pierre de sa toute première raffinerie nationale d’or. Une infrastructure stratégique, portée par l’État malien en partenariat avec la société russe Yadran, qui devrait transformer durablement le paysage industriel du pays.

La cérémonie, présidée par le chef de l’État, le Colonel Assimi Goïta, s’est tenue ce 16 juin 2025 à Sénou, dans la périphérie de Bamako. Y ont pris part plusieurs membres du gouvernement, des représentants diplomatiques, des chefs coutumiers, ainsi que les responsables de la société partenaire. L’événement a été présenté comme un acte fort de reprise de contrôle des ressources nationales par le Mali, premier producteur d’or d’Afrique de l’Ouest.

Une capacité de 200 tonnes par an

La future raffinerie, bâtie sur un site de cinq hectares, devrait permettre le traitement de 200 tonnes d’or par an, incluant aussi bien la production locale que celle provenant d’autres pays de la sous-région. L’installation comprendra des laboratoires de pointe, des entrepôts sécurisés et des équipements technologiques avancés. Une composante de formation pour les jeunes Maliens est également prévue.

Dans ce projet, l’État malien détient 62 % du capital, tandis que Yadran, partenaire technique et financier russe, en assure la conception et la réalisation. Les travaux de construction s’étaleront sur deux ans, selon les prévisions du ministère des Mines.

Vers la fin de l’exportation brute de l’or malien

Cette raffinerie s’inscrit dans une dynamique plus large de réforme du secteur minier malien. Depuis 2023, les autorités de transition ont adopté un nouveau Code minier, lancé un audit des sociétés minières, créé la Société de Recherche et d’Exploitation Minière du Mali (SOREM), et promulgué une loi sur le contenu local.

« Il ne s’agit plus seulement de produire de l’or, mais de le transformer chez nous », a déclaré Amadou Kéïta, ministre des Mines. « Le Mali doit désormais tirer pleinement profit de ses ressources naturelles. » Le Président de Yadran, Irek Salikhov, a quant à lui salué un projet « historique », soulignant l’ambition de faire de Bamako un hub régional de transformation aurifère.

Un enjeu de souveraineté économique

L’initiative répond à un impératif de rupture avec les pratiques passées, où l’essentiel de la production aurifère du pays était exporté à l’état brut, échappant au contrôle fiscal et économique des autorités nationales. La raffinerie vise ainsi à rapatrier la chaîne de valeur, accroître les recettes publiques, et mieux encadrer le commerce de l’or, souvent pointé du doigt pour son opacité.

Avec cette infrastructure, le Mali espère non seulement créer des emplois qualifiés, mais aussi accroître son poids économique et géopolitique dans l’industrie aurifère régionale. À terme, la raffinerie pourrait servir d’outil de traçabilité, de certification et de lutte contre la fraude minière.

Une échéance symbolique et politique

La date du 16 juin 2025 restera comme celle d’un engagement concret pour la valorisation des ressources naturelles maliennes. À travers ce projet, les autorités affichent leur volonté de repenser le modèle économique du pays, en rompant avec la dépendance aux acteurs étrangers et en bâtissant des filières de transformation nationales.

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