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PME africaines : La BAD mise 15 millions de dollars sur le nouveau fonds d’Adenia.

La Banque africaine de développement (BAD) renforce son pari sur le secteur privé.
Le Conseil d’administration de l’institution panafricaine a approuvé, le 19 novembre 2025 à Abidjan, un investissement de 15 millions de dollars dans Adenia Entrepreneurial Fund 1 (AEF 1), un nouveau fonds de capital-investissement dédié aux PME et entreprises de petite et moyenne capitalisation (small & mid caps) en Afrique.

Objectif affiché : combler une partie du déficit de financement des petites et moyennes entreprises et faire des entrepreneurs africains un véritable moteur de croissance inclusive.


Adenia Entrepreneurial Fund 1 : un fonds taillé pour les entrepreneurs africains

Porté par le gestionnaire de fonds Adenia Partners, Adenia Entrepreneurial Fund 1 (AEF 1) vise une taille de 150 à 180 millions de dollars.

Sa stratégie se distingue sur plusieurs points :

  • cibler des PME et small/mid caps africaines à fort potentiel,
  • prendre souvent des participations de contrôle, pour accélérer la transformation,
  • accompagner les entreprises sur le long terme : gouvernance, organisation, digitalisation, performance environnementale et sociale.

Adenia n’est pas un nouveau venu sur le continent : le gestionnaire revendique plus de 35 entreprises transformées et environ 910 millions de dollars levés sur ses précédents fonds.

Avec AEF 1, la société affiche une ambition claire : passer à l’échelle sur le segment des PME, encore largement sous-capitalisées malgré leur poids dans les économies africaines.


Des secteurs ciblés pour bâtir la résilience

Le partenariat BAD–Adenia ne se limite pas à une logique financière. Il s’inscrit dans une vision sectorielle précise. Selon les documents de la BAD, AEF 1 doit concentrer ses investissements sur des domaines jugés stratégiques pour la résilience économique et sociale :

  • Industrie légère et transformation : pour développer la valeur ajoutée locale et réduire la dépendance aux importations.
  • Biens de consommation : soutenir des marques et des réseaux africains capables de s’implanter sur plusieurs marchés.
  • Énergies renouvelables : accompagner la décarbonation et la sécurisation de l’accès à l’énergie.
  • Santé : cliniques, laboratoires, services de santé de proximité.
  • Éducation : écoles, centres de formation, solutions edtech.

En clair, la BAD ne finance pas seulement des bilans : elle cherche à appuyer des champions régionaux dans des secteurs clés, capables de tirer tout un écosystème de fournisseurs, distributeurs et sous-traitants.


Pourquoi la BAD met son ticket de 15 millions de dollars

L’investissement de 15 millions de dollars est structuré comme une prise de participation en capital dans le fonds, et non un prêt direct à des entreprises. Cette logique s’explique par plusieurs raisons stratégiques.

Combler le gap de financement des PME

Les PME africaines portent l’essentiel de l’emploi, mais restent les grandes oubliées du crédit bancaire : garanties insuffisantes, bilans peu structurés, perception de risque élevé…
En misant sur un fonds comme AEF 1, la BAD veut apporter :

  • du capital patient,
  • une expertise pour professionnaliser les structures,
  • et un signal fort à l’écosystème du private equity africain.

Jouer l’effet catalyseur

En entrant tôt au capital du fonds, la BAD espère attirer d’autres investisseurs institutionnels :
Banques de développement, bailleurs bilatéraux, fonds de pension, family offices.

Des institutions comme la Banque européenne d’investissement (BEI) ont d’ailleurs déjà signalé leur intérêt pour Adenia Entrepreneurial Fund, ce qui confirme l’effet de levier recherché.


Ce que cela peut changer sur le terrain

Derrière les millions de dollars, l’enjeu se mesure surtout en emplois, en montée en gamme des entreprises et en intégration régionale.

Emplois et formalisation

Les entreprises visées par AEF 1 sont en phase de croissance ou de scaling :
Elles ont déjà fait leurs preuves sur un marché local et visent une expansion régionale.

L’injection de capital, combinée à un accompagnement opérationnel, doit :

  • permettre l’ouverture d’agences, d’usines, de filiales,
  • financer des investissements productifs,
  • formaliser des emplois souvent informels.

Pour la BAD, ce type de fonds participe à la création et au maintien de milliers d’emplois qualifiés sur le continent.

Montée en gamme des PME africaines

En entrant dans le capital, Adenia ne se contente pas d’injecter de l’argent. Les équipes interviennent sur :

  • la gouvernance (conseils d’administration, reporting, audit),
  • la structure financière (planification, gestion de trésorerie, dette),
  • la stratégie commerciale (nouveaux marchés, nouveaux produits),
  • les politiques ESG (environnement, social, gouvernance).

Cette montée en gamme permet aux PME de :

  • mieux résister aux chocs externes,
  • accéder ensuite à d’autres financements (banques, marchés de capitaux),
  • devenir des cibles crédibles pour des investisseurs de second tour.

Un signal envoyé à l’écosystème du capital-investissement africain

Avec ce ticket de 15 millions de dollars dans AEF 1, la BAD confirme une tendance de fond :
Le capital-investissement est en train de s’imposer comme un outil central de financement du secteur privé africain, aux côtés du crédit bancaire et des marchés boursiers.

Adenia Entrepreneurial Fund 1 s’inscrit dans une nouvelle génération de fonds :

  • orientés entrepreneurs africains,
  • multi-pays,
  • cherchant à concilier performance financière et impact mesurable.

Pour les PME africaines, longtemps coincées entre microcrédit et financement bancaire classique, ce type de véhicule ouvre une voie : celle d’un partenariat en capital, avec une logique de transformation et non de simple survie.


Une question en suspens : qui en profitera vraiment ?

Reste une interrogation clé : quels pays et quels profils d’entreprises tireront le mieux parti de ce nouveau fonds ?

Les premiers éléments disponibles indiquent que le fonds interviendra sur plusieurs régions (Afrique de l’Ouest, de l’Est, australe…), en fonction des opportunités. Les économies les mieux structurées, avec des environnements d’affaires plus lisibles et des pipelines d’entreprises déjà identifiées, pourraient capter l’essentiel des premiers investissements.

Pour des pays comme le Mali, le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou le Rwanda, l’enjeu sera donc de rendre leurs PME visibles et “investissables” :
Comptes fiables, gouvernance minimale, perspectives de croissance claires.

Si ce pari est gagné, les 15 millions de la BAD dans AEF 1 ne seront qu’un début.
Et le capital patient pourrait enfin devenir un vrai carburant pour les entrepreneurs africains.

La Rédaction

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