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PME africaines : BII et la PIC passent des paroles aux actes avec un premier investissement en dette privée.

Annoncé en grande pompe en 2025, le partenariat entre British International Investment (BII) et la Public Investment Corporation (PIC) sud-africaine est désormais entré en phase opérationnelle.
Les deux institutions concrétisent leur alliance avec un premier investissement dédié aux entreprises africaines, via un véhicule de dette privée à impact géré par Enko Capital.

Au cœur de cette opération, un objectif assumé : élargir l’accès au financement pour les PME et mid caps africaines, souvent coincées entre un système bancaire frileux et des marchés de capitaux encore peu accessibles.


BII et PIC : deux poids lourds de l’investissement d’impact

Les partenaires de ce deal ne sont pas des acteurs secondaires.

  • BII (British International Investment) est l’institution de financement du développement du gouvernement britannique, ex-CDC Group. Elle investit en capital, dette et fonds dans les économies émergentes, avec une présence historique en Afrique.
  • PIC (Public Investment Corporation) est l’un des plus grands gestionnaires d’actifs du continent, administrant notamment les fonds du Government Employees Pension Fund (GEPF) sud-africain.

En juin 2025, les deux institutions ont signé un Memorandum of Understanding (MoU) pour :

  • partager des pipelines de transactions,
  • co-investir dans des projets à fort impact économique et social,
  • canaliser davantage de capital vers des secteurs clés : agriculture, services financiers, infrastructures, climat, entreprises de croissance.

Le message était clair : “mettre du carburant institutionnel” derrière le secteur privé africain.


Premier terrain d’entente : la dette privée d’Enko Capital

Le premier investissement estampillé “partenariat BII–PIC” se cristallise autour d’un gestionnaire panafricain : Enko Capital.

Selon Institutional Asset Manager et les communiqués liés :

  • la PIC a engagé 30 millions de dollars dans la stratégie de private crédit à impact d’Enko Capital ;
  • cet engagement est présenté comme le premier investissement réalisé dans le cadre du partenariat avec BII ;
  • le véhicule de dette privée vise à financer des entreprises africaines en croissance, notamment des PME et mid caps.

Le CEO de BII, Leslie Maasdorp, salue un “premier jalon” de la nouvelle coopération, qui illustre leur volonté commune de “débloquer davantage d’opportunités d’investissements transformateurs à travers l’Afrique”.


Pourquoi la dette privée, et pas seulement l’équité ?

Ce premier deal ne passe pas par un fonds de private equity classique, mais par une stratégie de dette privée à impact. Un choix loin d’être anodin.

Un outil taillé pour les PME et mid caps

La dette privée (private crédit) permet de financer des entreprises qui :

  • ont dépassé le stade de la micro-entreprise,
  • ont des besoins de tickets importants,
  • mais ne sont pas encore prêtes pour les marchés boursiers ou les grandes opérations de M&A.

Enko Capital peut ainsi :

  • structurer des prêts sur mesure,
  • proposer des maturités plus longues que le crédit bancaire classique,
  • introduire des clauses liées à la performance ou à l’impact (emploi, genre, climat),
  • intervenir dans plusieurs pays africains via un même véhicule.

Répondre au “trou noir” du financement intermédiaire

Entre le microcrédit et le financement corporate des grandes entreprises, beaucoup de PME africaines se retrouvent dans un no man’s land financier.
Les banques jugent le risque trop élevé, les marchés de capitaux sont inaccessibles, et les fonds d’equity restent concentrés sur quelques segments.

Avec ce type de produit :

  • BII et la PIC cherchent à combler ce trou noir,
  • en apportant un financement adapté aux structures intermédiaires qui font tourner l’économie réelle.

Qu’est-ce que cela change pour les entreprises africaines ?

Derrière les montants et les sigles, ce premier investissement a des implications très concrètes pour les PME et mid caps du continent.

Plus de flexibilité financière

Les fonds de dette privée comme celui d’Enko permettent de financer :

  • l’extension de capacités de production,
  • l’ouverture de filiales dans de nouveaux pays,
  • la digitalisation des opérations,
  • le refinancement de dettes plus coûteuses.

Cela donne de l’oxygène à des entreprises qui ont un potentiel réel, mais qui manquent d’accès à des financements structurés et de taille significative.

Un effet signal pour attirer d’autres capitaux

Le fait que BII et PIC se retrouvent autour de la stratégie d’Enko Capital envoie un signal fort :

  • aux autres investisseurs institutionnels (fonds de pension, assureurs, DFI),
  • aux gestionnaires africains qui cherchent à lever des fonds,
  • aux autorités publiques qui veulent développer leurs marchés de capitaux.

Ce type d’alliance public-para-public crédibilise davantage le private crédit africain comme classe d’actifs à part entière.


Un partenariat appelé à se décliner au-delà d’Enko

Ce premier investissement n’est qu’un début de piste pour BII et la PIC.

Les documents autour du MoU de 2025 insistent sur la volonté des deux institutions de :

  • multiplier les co-investissements dans l’agriculture, les services financiers, les infrastructures, l’énergie et le climat ;
  • combiner leurs expertises régionales et sectorielles ;
  • utiliser leurs bilans comme effet de levier pour attirer du capital privé.

En clair, Enko Capital et sa stratégie de dette privée servent de laboratoire :
Si le modèle fonctionne, d’autres véhicules – equity, infra, fonds climat – pourraient suivre, toujours avec l’ambition de canaliser plus de capital vers les entreprises africaines.


Une Afrique des PME sous surveillance des grands investisseurs

Pour les PME et mid caps africaines, la montée en puissance de ce type de partenariats envoie un double message :

  1. Oui, il y a de l’appétit pour financer le secteur privé africain,
    mais à condition de passer par des structures professionnelles, capables de gérer le risque et de mesurer l’impact.
  2. Non, la fenêtre ne sera pas ouverte à n’importe quelles conditions :
    Les gestionnaires comme Enko imposent des exigences de gouvernance, de transparence et de discipline financière.

Les entrepreneurs qui sauront se mettre au niveau pourront capter ce nouveau flux de capitaux.
Les autres continueront de regarder le train passer… de loin.

La Rédaction

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