Niger : Instauration de onze nouvelles taxes pour renforcer le Fonds de Solidarité nationale.
Le gouvernement nigérien a annoncé, le 30 octobre 2025, l’instauration de 11 nouvelles taxes et prélèvements destinés à renforcer le Fonds de Solidarité pour la Sauvegarde de la Patrie (FSSP).
Cette initiative, officialisée par l’ordonnance n° 2025-35 du 22 octobre 2025, vise à mobiliser jusqu’à 50 milliards de FCFA par an pour soutenir la résilience économique du pays face aux sanctions internationales et aux défis sécuritaires persistants.
Présenté à Niamey par Réki Moussa Hassane, présidente du comité de gestion du FSSP, ce dispositif s’inscrit dans une logique d’auto-financement national et de solidarité citoyenne.
Un dispositif à 11 leviers fiscaux
Les nouvelles mesures concernent plusieurs secteurs de l’économie et reposent sur une approche de contribution partagée :
- 1 % de prélèvement sur les salaires nets mensuels des agents publics, parapublics et du secteur privé ;
- Contribution spéciale sur les avantages et indemnités des hauts fonctionnaires et responsables politiques ;
- Taxe sur les importations de produits de luxe ;
- Prélèvement sur les exportations agricoles ;
- Taxe sur les loyers commerciaux ;
- Contribution sur les marchés publics et entreprises adjudicataires ;
- Prélèvement sur les compagnies d’assurances ;
- Contribution sur les opérateurs de télécommunications ;
- Taxe sur certaines transactions bancaires et financières ;
- Contribution sur les entreprises stratégiques et para-publiques ;
- Taxe spéciale sur les produits pétroliers et miniers exportés.
Selon le gouvernement, ces mesures permettront de pérenniser le financement du FSSP tout en maintenant une équité entre les acteurs économiques.
Un pari sur l’autonomie budgétaire
Depuis le coup d’État de juillet 2023, le Niger a vu ses sources de financement extérieur fortement réduites. Face à cet isolement, les autorités de transition ont fait du FSSP un outil central de financement domestique, alimenté par les citoyens, les entreprises et les partenaires patriotiques.
L’introduction de ces 11 taxes est donc une réponse pragmatique à la contrainte budgétaire. Le gouvernement espère ainsi réduire la dépendance aux bailleurs internationaux tout en consolidant la souveraineté financière de l’État.
« Nous devons désormais compter sur nos propres forces », a déclaré Réki Moussa Hassane, soulignant que le fonds vise à « renforcer la résilience du Niger face aux défis internes ».
Des réactions partagées
L’annonce a suscité des réactions mitigées.
Certains saluent une démarche de courage politique et d’autonomie économique, tandis que d’autres redoutent une hausse du coût de la vie et un impact sur le pouvoir d’achat des ménages et des petites entreprises.
Des économistes locaux estiment néanmoins que le succès du dispositif dépendra de la transparence dans la gestion du fonds et de la communication sur son utilisation effective.
Une réforme symbolique dans un contexte de transition
Au-delà des chiffres, cette réforme symbolise la volonté du Niger de se doter d’un modèle économique résilient, fondé sur la contribution nationale.
Le FSSP, déjà actif depuis 2023, a permis de financer plusieurs actions de souveraineté et de soutien social, notamment dans les secteurs de la sécurité, de la santé et de l’éducation.
En consolidant ce mécanisme, les autorités envoient un message clair : le Niger veut écrire son avenir économique sans dépendre de l’extérieur.
Avec ces onze nouvelles taxes, Niamey trace la voie d’un patriotisme budgétaire inédit en Afrique de l’Ouest. Mais la réussite de cette « solidarité nationale » dépendra autant de la rigueur de l’État que de la confiance des citoyens.
Car dans un pays où chaque franc compte, la solidarité ne se décrète pas : elle se mérite.
La Rédaction

