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Niger : Des prêts bancaires impayés à un niveau record, symptôme d’une économie sous forte pression.

Avec 18,2 % des prêts bancaires considérés comme non performants à la fin de 2023, le Niger détient l’un des taux les plus élevés de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dont la moyenne est d’environ 8 %. Concrètement, près d’un crédit sur six ne trouve pas son remboursement, un niveau qui fragilise la solidité du système financier national.

Ce phénomène s’explique en grande partie par le choc politique et économique qui a suivi le coup d’État de juillet 2023. Les sanctions économiques imposées par la CEDEAO et la fermeture temporaire des frontières ont ralenti les échanges commerciaux, déstabilisé les revenus des entreprises et accru les difficultés de remboursement des emprunts.


Microfinance : un secteur au bord de l’asphyxie

Si le secteur bancaire souffre, celui de la microfinance est encore plus sinistré. Fin 2021, 40 % des prêts octroyés par les institutions de microfinance nigériennes étaient en défaut de paiement. Ce chiffre, cinq fois supérieur à la moyenne régionale, met en lumière la vulnérabilité des populations qui recourent à ces services, souvent pour financer des activités génératrices de revenus à petite échelle.
Or, sans remboursement, les institutions ne peuvent pas prêter à d’autres, ce qui réduit drastiquement l’accès au crédit pour les ménages et les petits entrepreneurs.


Des interventions d’urgence pour éviter l’effondrement

Face à cette situation, la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) est intervenue en injectant 82,5 millions de dollars dans Sonibank, l’une des principales banques du pays, pour la maintenir à flot. Cette opération illustre l’ampleur des tensions sur la liquidité et la nécessité d’un soutien extérieur pour préserver la stabilité du système bancaire.

À cela s’ajoute un nouveau défi : depuis début 2025, la dette souveraine du Niger ne bénéficie plus du traitement comptable dérogatoire qui permettait de ne pas la classer comme créance douteuse. Les banques régionales qui détiennent des obligations nigériennes doivent désormais enregistrer ces titres comme risqués si les paiements prennent du retard, ce qui accroît encore la pression financière.


Un contexte économique défavorable

Le Niger fait face à un ralentissement économique marqué. Le déficit du compte courant extérieur atteignait 15,6 % du PIB en 2022, tandis que la croissance reste fragile, fortement dépendante des exportations d’uranium et de pétrole. L’instabilité politique freine les investissements, et les perspectives de financement extérieur demeurent incertaines.
Pour les ménages et les entreprises, cela se traduit par un accès au crédit plus restreint, des taux d’intérêt plus élevés et un risque accru de faillite.


Le record de prêts impayés au Niger n’est pas seulement une statistique : c’est le reflet d’une économie qui lutte pour se relever dans un environnement instable. Tant que les réformes structurelles et le retour à la stabilité politique ne seront pas assurés, le pays restera exposé à une spirale où la fragilité bancaire nourrit la fragilité économique… et inversement.

La Rédaction

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