
Mali : Une nouvelle ère pour les énergies renouvelables ?
Le Mali vient de franchir un cap important dans sa politique énergétique. En décembre 2024, le Conseil National de Transition (CNT) a adopté une loi majeure portant création de l’Agence nationale des Énergies renouvelables et des Bioénergies (ANERB). Cette agence, à caractère scientifique et technologique, marque la volonté des autorités de structurer et dynamiser le secteur des énergies renouvelables, longtemps morcelé entre plusieurs entités.
L’ANERB regroupe désormais les missions de deux anciennes institutions : l’Agence nationale de développement des biocarburants (ANADEB) et l’Agence des Énergies renouvelables du Mali (AER-Mali). Cette fusion vise à simplifier les démarches, renforcer la gouvernance du secteur et améliorer l’efficacité des projets liés à l’énergie verte.
Une mission ambitieuse
La nouvelle agence ne se contentera pas de gérer les projets. Elle aura pour mission de concevoir les stratégies nationales, former les acteurs, labelliser les produits, coordonner la coopération internationale et mobiliser les financements. L’objectif est clair : faire des énergies renouvelables un levier de développement, notamment dans les zones rurales, où l’accès à l’électricité reste très limité.
En 2021, seulement 53 % des Maliens avaient accès à l’électricité, un chiffre qui tombe à 25 % en milieu rural, selon l’AP News. L’enjeu est donc à la fois social, économique et environnemental.
Des projets solaires en cours
Parallèlement à cette réforme légale, plusieurs projets d’envergure ont été lancés. À Sanankoroba, une centrale solaire de 200 mégawatts est en construction depuis mai 2024. Elle devrait être opérationnelle dès mai 2025. À Dialakoro, dans la région de Bougouni, un projet de deux fois 50 mégawatts est également en cours, après la signature d’un décret d’utilité publique en août 2024.
Ces infrastructures sont destinées à diversifier l’approvisionnement en électricité du pays, réduire la dépendance aux énergies fossiles et abaisser les coûts de production pour les entreprises comme pour les ménages.
Une stratégie soutenue à l’international
Le Mali bénéficie également du soutien de plusieurs partenaires internationaux. En novembre 2023, le pays a obtenu un financement de 52,6 millions de dollars à travers les Fonds d’investissement climatiques (CIF). Ce montant s’inscrit dans le cadre d’un Plan d’investissement pour les énergies renouvelables, qui vise à porter la part du solaire à 15 % du mix énergétique national d’ici 2030.
La Semaine malienne des énergies renouvelables (SemR), récemment organisée, a également permis de mobiliser les acteurs publics, privés et communautaires autour des enjeux liés à l’énergie durable.
Les défis à surmonter
Malgré ces avancées prometteuses, les obstacles restent nombreux. L’instabilité politique, l’insécurité dans certaines régions, le retrait de certains partenaires internationaux et le manque d’infrastructures ralentissent l’expansion du secteur. L’ANERB, bien qu’outillée sur le papier, devra faire face à ces réalités complexes sur le terrain.
Une énergie à réveiller
Avec un fort ensoleillement et un potentiel énergétique considérable, le Mali détient toutes les cartes pour devenir un acteur régional de la transition énergétique. La loi est là, les projets démarrent, les financements suivent. Il reste désormais à transformer cette volonté politique en électricité concrète, pour qu’enfin, la lumière gagne tous les foyers du pays.
La Rédaction