Mali–Russie : Une coopération militaire qui se muscle encore un peu plus.
Bamako et Moscou consolident leur alliance sécuritaire. En marge du Salon international de la défense et de la sécurité (BAMEX 2025), le président malien, le colonel Assimi Goïta, a reçu ce mardi 11 novembre 2025 une délégation russe de haut niveau conduite par le vice-ministre de la Défense. Une rencontre stratégique qui confirme la montée en puissance du partenariat militaire entre les deux pays, à l’heure où le Mali redéfinit ses alliances dans la lutte contre le terrorisme.
Un entretien au sommet, symbole d’une alliance assumée
Au Palais de Koulouba, l’atmosphère était à la fois solennelle et pragmatique. Assimi Goïta a reçu la délégation russe en présence du ministre malien de la Défense, le Général de Corps d’Armée Sadio Camara, et du Chef d’État-major général de l’Armée de l’air, le Général Alou Boï Diarra.
Objectif : faire le point sur la coopération militaire entre Bamako et Moscou, et explorer de nouveaux axes de renforcement.
Selon des sources officielles, les discussions ont porté sur l’accompagnement du Mali dans sa lutte contre le terrorisme, la formation des forces armées maliennes et la consolidation d’un partenariat fondé sur la confiance mutuelle et le respect de la souveraineté nationale.
Un partenariat qui dépasse la simple assistance militaire
Depuis le retrait progressif des troupes occidentales du Sahel, le Mali a choisi de diversifier ses alliances sécuritaires. La Russie s’est ainsi imposée comme un partenaire clé dans la lutte contre les groupes armés.
Des équipements militaires ont déjà été livrés à Bamako, des instructeurs russes participent à la formation des soldats maliens, et plusieurs projets de coopération technique sont en cours.
Le ministère russe des Affaires étrangères rappelait d’ailleurs, en octobre 2025, que le Mali est désormais un “partenaire prioritaire” de Moscou en Afrique. La Russie entend, selon ses mots, « accompagner les États souverains africains dans leur quête de stabilité et de sécurité ».
Cette stratégie s’inscrit dans une dynamique plus large de repositionnement russe sur le continent africain, où les relations de défense sont perçues comme un levier diplomatique puissant.
Le BAMEX 2025, vitrine d’une nouvelle ère sécuritaire
Le Salon international de la défense et de la sécurité (BAMEX 2025), organisé à Bamako du 11 au 14 novembre, n’est pas qu’un simple événement d’exposition. Il constitue une plateforme de démonstration du savoir-faire militaire malien et un lieu de rencontres stratégiques entre les forces de défense africaines et leurs partenaires.
La présence de la délégation russe à cette occasion souligne l’importance croissante de la coopération bilatérale. Les discussions à huis clos entre les deux parties auraient porté sur des projets conjoints de production d’équipements, mais aucun détail n’a été communiqué pour l’instant.
Un tournant dans la politique de défense du Mali
Depuis 2022, la coopération Mali–Russie s’est traduite par des livraisons régulières de matériels militaires, allant des hélicoptères de combat aux véhicules blindés, en passant par des systèmes de surveillance.
Bamako affirme que ces partenariats ont permis d’obtenir des résultats tangibles dans la reconquête de certaines zones du territoire longtemps sous la menace des groupes armés.
Mais cette orientation stratégique n’est pas sans provoquer des crispations sur la scène internationale, notamment du côté des anciens partenaires occidentaux. Bamako, de son côté, assume pleinement son choix : reprendre le contrôle total de sa politique de défense.
Une alliance d’intérêts, mais aussi de symboles
L’audience entre Assimi Goïta et la délégation russe illustre une convergence de visions entre les deux États : celle d’un monde multipolaire où les nations africaines reprennent la main sur leur sécurité.
Ce rapprochement n’est donc pas seulement militaire, il est aussi politique et symbolique.
Pour Bamako, la coopération avec Moscou incarne la fin d’une dépendance historique et le début d’une souveraineté sécuritaire assumée.
Pour Moscou, elle représente un ancrage géostratégique majeur au cœur du Sahel.
Entre méfiance internationale et adhésion nationale, la relation Mali–Russie avance à pas sûrs, à l’image d’un blindé sur terrain accidenté : solide, déterminée, mais sous haute surveillance.
Reste à savoir si ce tandem résistera à la dure réalité du terrain celle où les alliances, comme les batailles, se gagnent à la sueur, pas à la signature.
La Rédaction



