Mali : L’État s’engage à solder 312 milliards FCFA de dette intérieure en 3 mois.
Le gouvernement malien vient de lancer une opération ambitieuse d’apurement de la dette intérieure : 312 milliards FCFA seront versés sur une période de trois mois pour régler les arriérés accumulés auprès des fournisseurs de l’État. Une décision qui pourrait redonner de l’oxygène aux entreprises et restaurer la confiance dans le secteur privé.
Un programme exceptionnel pour rattraper les retards de paiement
Selon un communiqué publié début décembre 2025 par le ministère de l’Économie et des Finances, le Trésor public a amorcé le 8 décembre le paiement des mandats non honorés en 2023 et 2024, de même que certaines créances liées à des travaux prioritaires de 2025.
Le stock de la dette intérieure était estimé à environ 439 milliards FCFA, réparti entre 342 milliards dus aux opérateurs économiques et 97 milliards à l’administration publique.
Avec ce plan, l’État s’engage à régler une grande partie des arriérés, ce qui concerne aussi bien des fournisseurs privés que des prestataires publics, dans un délai court, en espérant alléger la pression sur la trésorerie des entreprises.
Objectifs affichés, fluidifier l’économie et redonner de la liquidité
Le ministère évoque plusieurs motivations :
- Apurer les dettes accumulées pour restaurer la confiance entre l’État et les fournisseurs.
- Injecter de la liquidité dans le système bancaire, à travers le règlement des créances en souffrance, ce qui pourrait relancer le crédit et soutenir l’économie.
- Accélérer certaines dépenses prioritaires de 2025 : infrastructures routières, santé, éducation, agriculture pour donner un coup de pouce à la croissance et répondre aux urgences.
Selon le gouvernement, cette initiative s’inscrit dans la continuité d’efforts antérieurs : entre fin septembre 2024 et fin septembre 2025, l’État aurait déjà réglé près de 1 654 milliards FCFA au titre de la dette intérieure, réduisant sensiblement les arriérés.
Pourquoi c’est important et quels risques resteront à surveiller
Pour les entreprises, ce plan représente un espoir concret : paiement des factures en attente, amélioration de la trésorerie… Après des années d’incertitudes, c’est un soulagement.
Pour l’économie nationale, c’est un signe fort : un État qui veille à ses engagements, ce qui peut renforcer la confiance des investisseurs locaux comme étrangers.
Mais l’opération pose des défis :
- Risque de pression sur les finances publiques : mobiliser 312 milliards FCFA en trois mois n’est pas neutre, cela pourrait peser sur d’autres postes budgétaires si les ressources ne sont pas bien gérées.
- Soutenabilité : si l’État recourt trop fréquemment à ce type de larges paiements ponctuels, cela pourrait fragiliser la trésorerie sur le long terme.
- Transparence et suivi : il faudra un suivi rigoureux des paiements, pour éviter retards, détournements ou créances additionnelles non honorées.
un coup d’accélérateur, mais désormais, place à l’efficacité
En annonçant l’apurement de 312 milliards FCFA en trois mois, le Mali montre qu’il n’entend pas laisser son économie suffoquer sous les dettes accumulées. Mais un chèque n’est qu’un début, le vrai pari sera de transformer ce geste en croissance réelle, crédit relancé, entreprises revitalisées, et confiance retrouvée.
Si le paiement est effectué comme promis, ce programme pourrait être un tournant pour l’économie malienne. Mais s’il reste une promesse non tenue, il redeviendra un fardeau de plus sur une dette intérieure déjà ancienne.
La Rédaction


