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Les Émirats offrent de nouvelles opportunités aux start-ups africaines.

Longtemps connus pour leur pétrole, leurs gratte-ciels et leurs centres commerciaux géants, les Émirats arabes unis (EAU) sont en train d’endosser un nouveau costume : celui de plateforme mondiale des start-ups.

Selon une analyse publiée le 1ᵉʳ décembre 2025, Abou Dhabi et Dubaï se sont fixé un objectif ambitieux : faire des Émirats “la capitale mondiale des start-ups” d’ici 2031. La stratégie est assumée. Elle repose sur une diversification économique accélérée, une série de réformes pro-business et un positionnement très clair : attirer les talents et les capitaux du monde entier, y compris ceux de la tech africaine.


2 millions d’entreprises et 30 000 emplois dans le viseur

Pour mesurer l’ampleur du projet, il suffit de regarder les chiffres. La campagne nationale lancée en 2024 vise à :

  • porter à 2 millions le nombre d’entreprises actives d’ici 2031,
  • créer 30 000 emplois,
  • renforcer la contribution des PME, qui représentent déjà plus de 60 % du PIB non pétrolier des Émirats.

Cette dynamique est soutenue par :

  • une fiscalité compétitive,
  • un droit des affaires assoupli, notamment sur la propriété étrangère,
  • des procédures d’installation rapides pour les investisseurs,
  • une volonté politique de faire des EAU un hub mondial de l’innovation plutôt qu’un simple exportateur d’hydrocarbures.

Résultat : en 2023, les Émirats ont enregistré le plus grand nombre de transactions impliquant des start-ups de toute la région MENA, avec plus de 150 deals recensés.


Programmes “Operation 300bn” et “Make it in the Emirates” : la base industrielle de la tech

Pour soutenir cet écosystème, le pays a lancé plusieurs programmes structurants :

  • “Operation 300bn” : une initiative industrielle visant à développer le secteur manufacturier et technologique, avec un objectif de montée en puissance de l’industrie dans le PIB.
  • “Make it in the Emirates” : une campagne qui encourage les entreprises à produire et innover localement, en s’appuyant sur des infrastructures de pointe.

Ces politiques s’incarnent dans :

  • des zones franches spécialisées (technologie, fintech, médias),
  • des hubs d’innovation et incubateurs,
  • des plateformes numériques d’accompagnement pour les jeunes entreprises.

C’est dans cet environnement que de plus en plus de start-ups africaines choisissent d’installer un pied, voire leur siège, en direction des marchés du Golfe, de l’Asie et de l’Europe.


Les Émirats, base arrière des start-ups africaines

Pour nombre de fondateurs africains, Dubaï ou Abou Dhabi deviennent une sorte de “base arrière” stratégique : on y installe une holding, un siège régional ou un bureau d’expansion, tout en gardant les opérations ou les marchés principaux sur le continent.

L’analyse citée met en avant plusieurs cas emblématiques :

  • La start-up nigériane Moove, positionnée sur le financement de véhicules pour chauffeurs de plateformes,
    • a intensifié sa présence aux Émirats,
    • bénéficie du soutien du fonds souverain Mubadala Investment Company,
    • utilise l’écosystème émirati comme tremplin vers d’autres marchés en dehors de l’Afrique.
  • La start-up Pawame, basée aux Émirats et spécialisée dans les solutions solaires hors réseau,
    • déploie ses activités au Nigeria, au Kenya et en Égypte,
    • illustre la circulation à double sens : ce ne sont pas seulement les start-ups africaines qui se tournent vers les EAU, ce sont aussi des start-ups émiraties qui utilisent l’Afrique comme terrain de croissance.

Pour les jeunes pousses africaines, le calcul est simple :

  • un cadre réglementaire stable,
  • une fiscalité lisible et avantageuse,
  • un accès facilité à des investisseurs internationaux basés sur place,
  • et une image de place mondiale qui pèse lors des levées de fonds.

Small Business Relief : alléger la pression fiscale sur les jeunes pousses

Autre atout de la place émiratie : un arsenal de mesures spécifiques pour les petites entreprises. Parmi elles, le Small Business Relief, mis en place par le ministère des Finances :

  • il offre un allègement fiscal aux entreprises dont le revenu annuel ne dépasse pas un certain seuil (3 millions de dirhams),
  • il réduit les coûts de conformité pour les start-ups et les PME,
  • il rend l’environnement plus attractif pour des entrepreneurs étrangers qui veulent tester un marché sans être étouffés par les charges.

Pour des fondateurs africains souvent confrontés à des systèmes fiscaux instables ou des lourdeurs administratives, cet environnement pèse lourd dans la décision d’implantation.


Les fonds émiratis s’invitent dans le capital des start-ups africaines

L’influence des Émirats ne se limite pas aux infrastructures et à la fiscalité. Elle passe aussi par l’argent.

Le fonds souverain Mubadala Investment Company a ainsi investi dans le fonds Partech Africa II, l’un des plus importants véhicules de capital-risque dédiés à la tech africaine, doté de 280 millions d’euros.

Ce mouvement s’inscrit dans une tendance plus large :

  • montée en puissance des fonds et family offices émiratis dans les tours de table africains,
  • multiplication des événements de mise en relation entre écosystèmes africains et émiratis.

L’article mentionne notamment :

  • la présence très visible de la Dubai Chamber of Commerce à l’Africa Tech Summit de Kigali,
  • le lancement d’un “Chamberthon”, un programme de co-création réunissant start-ups africaines et émiraties autour de projets communs, avec mentorat et accès aux réseaux d’affaires des EAU.

Plus largement, les forums comme le Global Business Forum on Africa à Dubaï jouent le rôle de pont structurel entre les deux mondes – celui des fondateurs africains et celui des investisseurs du Golfe.


Fintech, énergie, santé : les terrains de jeu prioritaires

Les domaines où la coopération Afrique-Émirats est la plus visible sont :

  • la fintech : solutions de paiement, inclusion financière, lending digital, B2B,
  • la santé numérique : télémédecine, plateformes de prise de rendez-vous, dossiers médicaux électroniques,
  • la mobilité et la logistique : gestion de flotte, plateformes de livraison, mobilité urbaine,
  • l’énergie propre : solaire hors réseau, mini-grids, solutions pay-as-you-go pour l’électrification rurale,
  • les services numériques B2B (SaaS, plateformes de gestion, outils d’automatisation).

Dans cette équation, les Émirats apportent :

  • capital,
  • hubs d’infrastructure,
  • expertise en scale-up et en structuration internationale.

L’Afrique, elle, apporte :

  • des marchés en forte croissance,
  • une jeune démographie,
  • une capacité d’innovation dite “frugale”,
  • des besoins massifs en services de base (énergie, paiement, santé, logistique) qui nourrissent des modèles économiques robustes.

Tremplin ou délocalisation de la valeur ?

Reste une question que le continent n’a pas le luxe d’ignorer : à force de voir les start-ups les plus prometteuses ouvrir leur holding à Dubaï ou Abou Dhabi, où se crée réellement la valeur ?

D’un côté :

  • les Émirats offrent un environnement stable et des financements indispensables pour changer d’échelle,
  • ils permettent aux start-ups africaines d’avoir une adresse crédible pour attirer des investisseurs globaux,
  • ils accélèrent l’internationalisation de projets nés sur le continent.

De l’autre :

  • le risque existe de voir la captation de valeur (siège social, fiscalité, emplois qualifiés) se déplacer hors d’Afrique,
  • certains écosystèmes locaux pourraient se retrouver vidés de leurs champions,
  • la dépendance à des hubs extérieurs pose la question de la souveraineté numérique et économique.

Les Émirats ont clairement choisi leur camp : celui de la proactivité. Ils se positionnent comme l’endroit où les start-ups – africaines comprises – viennent chercher capitaux, stabilité et visibilité mondiale.

Aux pays africains de décider si ce tremplin sera :

  • un accélérateur de croissance partagé,
  • ou la première étape d’un déplacement durable de la valeur vers les bords du Golfe.

La Rédaction

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