L’Afrique prépare sa banque panafricaine de l’or : Un tournant stratégique pour la souveraineté financière du continent.
Longtemps exporté à l’état brut, raffiné et valorisé hors du continent, l’or africain pourrait bientôt connaître un changement de destin. L’Afrique s’apprête à franchir une étape majeure avec le projet de création d’une banque panafricaine de l’or, une institution financière inédite destinée à structurer, financer et valoriser la filière aurifère à l’échelle continentale.
Le 29 décembre 2025, un protocole d’accord a été signé entre la Banque centrale d’Égypte et la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), marquant le lancement officiel d’un projet visant à poser les bases de cette future institution spécialisée dans l’or.
Un projet porté par Afreximbank et la Banque centrale d’Égypte
L’accord a été paraphé par le gouverneur de la Banque centrale d’Égypte et le président d’Afreximbank. Il prévoit la réalisation d’une étude de faisabilité approfondie, destinée à définir les contours techniques, financiers et réglementaires de cette banque de l’or.
Selon les termes du protocole, l’initiative pourrait inclure :
- une raffinerie d’or certifiée aux normes internationales,
- des infrastructures de stockage sécurisées,
- des services de financement adossés à l’or,
- et des plateformes de commercialisation structurée du métal précieux.
L’ambition est claire : permettre à l’Afrique de conserver et capter davantage de valeur ajoutée issue de sa production aurifère.
Pourquoi une banque panafricaine de l’or ?
L’Afrique figure parmi les principales régions productrices d’or au monde, avec des pays comme le Ghana, le Mali, l’Afrique du Sud, le Burkina Faso ou la Tanzanie. Pourtant, une large part de la valeur liée au raffinage, au stockage et au commerce de l’or échappe encore au continent.
La future banque panafricaine de l’or vise à :
- réduire la dépendance aux centres internationaux de raffinage,
- renforcer les réserves des banques centrales africaines,
- offrir des instruments financiers adossés à un actif tangible,
- structurer un marché africain intégré de l’or,
- et soutenir la transformation locale des ressources minières.
À travers cette initiative, l’or ne serait plus seulement une matière première exportée, mais un outil stratégique de financement et de stabilité monétaire.
Une réponse aux défis de souveraineté économique
Dans un contexte mondial marqué par l’instabilité financière et la recherche d’actifs refuges, l’or retrouve une place centrale dans les stratégies monétaires. Pour de nombreux pays africains, disposer d’une infrastructure continentale dédiée à l’or permettrait de sécuriser les réserves, de diversifier les sources de financement et de renforcer la résilience économique.
Ce projet s’inscrit également dans une dynamique plus large de réappropriation des chaînes de valeur africaines, en cohérence avec les objectifs d’intégration économique du continent et la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Un chantier encore en construction
Si l’annonce marque une avancée symbolique forte, la banque panafricaine de l’or n’est pas encore une réalité opérationnelle. Les conclusions de l’étude de faisabilité seront déterminantes pour préciser :
- le modèle de gouvernance,
- la structure du capital,
- le rôle des États et des banques centrales,
- ainsi que les modalités d’adhésion des pays producteurs.
La réussite du projet dépendra de la capacité des acteurs africains à aligner intérêts nationaux et vision continentale, dans un secteur historiquement fragmenté.
En s’engageant sur la voie d’une banque panafricaine de l’or, l’Afrique ne se contente pas de rêver d’un nouvel outil financier : elle affirme une ambition plus profonde. Celle de transformer une richesse enfouie dans ses sols en levier durable de souveraineté, de stabilité et de développement. L’or africain a longtemps brillé ailleurs ; demain, il pourrait enfin financer l’avenir du continent depuis l’Afrique elle-même.
La Rédaction


