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Investissements en chute libre : Le piège de la stagnation guette les pays en développement.

Les économies en développement ont longtemps compté sur l’investissement pour stimuler leur croissance, créer des emplois et améliorer le niveau de vie. Mais depuis plus d’une décennie, ce moteur s’essouffle dangereusement. En 2023, les flux d’investissements directs étrangers (IDE) vers ces pays sont tombés à 435 milliards de dollars, leur plus bas niveau depuis 2005, selon la Banque mondiale. Rapportés à leur PIB, ils représentent à peine 2,3 %, soit moitié moins qu’avant la crise financière mondiale de 2008.


Des besoins colossaux, un déficit abyssal

La situation est d’autant plus préoccupante que les besoins d’investissement explosent. Infrastructures routières, agriculture durable, santé, eau potable, énergies renouvelables : il faudrait mobiliser chaque année 3,3 à 4,5 trillions de dollars pour couvrir ces secteurs vitaux, estime la CNUCED. Or, seules une partie de ces montants est effectivement investie, laissant un trou béant de 2,5 trillions de dollars par an.

Ce déficit n’est pas un simple chiffre technique : il représente des écoles qui ne se construisent pas, des hôpitaux qui ne voient pas le jour, des routes impraticables qui freinent le commerce, et une transition énergétique constamment repoussée.


Quand l’investissement s’accélère, la pauvreté recule

Les données historiques sont claires : lorsqu’un pays parvient à enclencher une “accélération d’investissement”, le revenu par habitant augmente rapidement, la productivité bondit, et la pauvreté recule plus vite. Mais depuis la crise de 2008, ces épisodes se raréfient. Les économies émergentes connaissent des flux irréguliers, freinés par l’endettement public, l’incertitude politique et les chocs géopolitiques.


Les obstacles sur la route

Les raisons de cette stagnation sont multiples :

  • Des finances publiques sous pression : l’endettement limite les marges de manœuvre des États.
  • Un climat d’affaires parfois incertain : manque de transparence, insécurité juridique, corruption.
  • Des capitaux frileux : face aux risques géopolitiques et climatiques, les investisseurs préfèrent souvent rester prudents.
  • Un coût élevé du financement : les PME locales, pourtant cruciales pour l’emploi, peinent à accéder à des crédits abordables.

Que faire pour relancer la machine ?

La Banque mondiale et d’autres institutions proposent plusieurs pistes :

  1. Stabiliser les économies locales : politiques budgétaires et monétaires plus crédibles, inflation maîtrisée.
  2. Renforcer les institutions : transparence, justice plus rapide, règles du jeu claires.
  3. Attirer les capitaux privés : en offrant des garanties, en développant les partenariats public-privé, et en dynamisant les marchés de capitaux locaux.
  4. Coopération internationale : allègement de la dette, financements concessionnels, réformes du système financier mondial pour réduire les coûts de transaction.

L’avenir des pays en développement dépend largement de leur capacité à ranimer ce moteur d’investissement. Sans cela, les ambitions de croissance et de progrès social risquent de rester bloquées sur la ligne de départ. Car en matière de développement, il n’y a pas de bouton pause : soit on avance, soit on recule.

La Rédaction

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