
IFC et Appian lancent un fonds d’un milliard de dollars pour les minerais critiques : L’Afrique dans le viseur.
Un nouveau levier pour la souveraineté minérale !
La ruée mondiale vers les minerais critiques s’intensifie, et l’Afrique est au cœur des convoitises. Ce 21 octobre 2025, la Société Financière Internationale (IFC), bras privé de la Banque mondiale, et Appian Capital Advisory, un gestionnaire d’actifs miniers, ont annoncé le lancement d’un fonds d’investissement de 1 milliard de dollars dédié aux métaux et minerais essentiels à la transition énergétique mondiale.
Ce fonds ciblera les marchés émergents, en priorité l’Afrique et l’Amérique latine, afin de soutenir des projets responsables dans l’extraction, le traitement et la chaîne de valeur des métaux dits « critiques » — cuivre, cobalt, lithium, nickel, graphite ou manganèse.
Un partenariat public-privé inédit
L’IFC injecte une mise initiale de 100 millions de dollars pour « amorcer » le fonds, aux côtés d’Appian, qui gérera la sélection et la supervision des projets.
Leur ambition ? Mobiliser des capitaux privés pour financer un secteur stratégique, souvent délaissé en raison des risques politiques, environnementaux et sociaux qui entourent l’exploitation minière dans les pays en développement.
« Ce partenariat montre que le capital privé et le développement durable peuvent aller de pair », a déclaré un porte-parole de l’IFC, soulignant que tous les investissements devront respecter les standards ESG (environnement, social, gouvernance) du groupe Banque mondiale.
Un milliard de dollars pour un continent riche mais sous-exploité
L’Afrique détient près de 30 % des réserves mondiales de minerais critiques, mais n’en tire qu’une fraction de la valeur ajoutée mondiale. Ce fonds pourrait donc accélérer la mise en valeur de ses ressources, tout en favorisant l’emploi local et la transformation industrielle.
Parmi les 14 premiers pays ciblés, plusieurs africains sont mentionnés dans les plans préliminaires d’investissement : RDC, Zambie, Mozambique, Tanzanie, Ghana, Namibie et Afrique du Sud, des États déjà actifs dans le cuivre, le cobalt et le nickel.
L’objectif affiché est clair : financer entre 10 et 15 projets structurants dans les cinq prochaines années, avec une approche intégrée — du financement minier à la valorisation des minerais, en passant par la construction d’infrastructures de soutien (énergie, routes, logistique).
Pourquoi c’est un tournant stratégique ?
Cette initiative s’inscrit dans une course mondiale à la sécurisation des minerais stratégiques.
Alors que les États-Unis, la Chine et l’Union européenne multiplient les alliances minières, le groupe Banque mondiale veut éviter que les pays africains ne soient relégués au simple rôle de fournisseurs bruts.
« Nous voulons que les pays producteurs puissent participer à la chaîne de valeur mondiale, pas seulement exporter des minerais à bas prix », explique Appian Capital dans un communiqué.
En d’autres termes, ce fonds pourrait marquer le passage d’une exploitation extractive à un modèle de co-création industrielle, où les pays africains auraient leur mot à dire dans la transformation et la commercialisation des ressources.
Les défis à venir
Tout n’est pas gagné pour autant.
Le succès de ce fonds dépendra de la capacité des pays africains à garantir un climat d’investissement stable, à accélérer les réformes minières et à préserver les communautés locales.
Car les critiques sur les dégâts environnementaux et les conflits fonciers dans les zones minières ne manquent pas.
L’autre risque : que le milliard de dollars serve surtout à financer des projets hors Afrique, comme le premier investissement déjà annoncé au Brésil, dans la mine de nickel-cuivre-cobalt « Santa Rita ».
Un signal mitigé, qui laisse espérer que le continent africain ne soit pas encore le grand oublié d’une nouvelle course mondiale aux métaux verts.
Dans la nouvelle économie verte, les batteries valent de l’or, et l’Afrique tient les clefs du coffre.
Avec ce fonds de 1 milliard de dollars, l’IFC et Appian promettent de transformer la richesse du sous-sol africain en moteur de développement durable.
Mais encore faut-il que les États africains transforment cette opportunité en véritable renaissance industrielle, et non en simple mirage minier.
La Rédaction