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Gouvernance numérique : L’Afrique francophone doit s’imposer à la table mondiale.

Alors que le monde redessine les règles du jeu numérique — données, intelligence artificielle, cybersécurité —, l’Afrique francophone ne peut plus se contenter d’être spectatrice. Elle doit s’asseoir à la table mondiale, où se décide désormais une partie de son avenir économique, culturel et politique.


Une gouvernance mondiale sans la voix francophone ?

Depuis une décennie, la gouvernance numérique s’impose comme un pilier des relations internationales. Les grandes puissances (États-Unis, Union européenne, Chine, Inde) fixent des normes qui régissent les plateformes, la circulation des données et les règles de l’intelligence artificielle.
Or, dans ces débats cruciaux, l’Afrique francophone brille souvent par son absence.

Selon un rapport de l’Internet Governance Forum (IGF) de 2025, moins de 10 % des interventions africaines dans les forums mondiaux du numérique proviennent de pays francophones. Le manque de coordination, la barrière linguistique et le déficit de moyens techniques freinent leur influence.
Pendant ce temps, les décisions prises ailleurs façonnent les outils que les Africains utilisent au quotidien : réseaux sociaux, plateformes d’apprentissage, systèmes de santé ou de paiement.


Un enjeu de souveraineté et de justice numérique

Ne pas participer activement à la gouvernance numérique mondiale, c’est laisser d’autres écrire les règles du jeu pour soi.
Les plateformes internationales collectent d’immenses quantités de données en Afrique sans véritable contre-partie. L’absence de cadre clair affaiblit la souveraineté numérique des États francophones.

L’Union africaine le reconnaît : « L’Afrique doit être actrice, pas spectatrice, des révolutions numériques qui redessinent le monde ».
Et pour cause : les données, aujourd’hui, valent plus que l’or.
Ne pas contrôler leur circulation revient à céder, sans le dire, une partie de sa souveraineté.


La fracture francophone du numérique

À ces enjeux géopolitiques s’ajoute une fracture linguistique.
Les plateformes d’intelligence artificielle, les moteurs de recherche ou les logiciels de gouvernance sont majoritairement anglophones.
Résultat : une partie de l’Afrique francophone reste exclue de la grande conversation mondiale du numérique.

Selon Good Governance Africa, cette domination linguistique compromet l’inclusion : les outils ne « parlent » pas les langues africaines, les interfaces restent inaccessibles et les algorithmes ignorent les réalités locales.


Un défi, mais aussi une opportunité historique

Tout n’est pas sombre.
Des initiatives émergent : l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) soutient plusieurs programmes sur la souveraineté numérique et la formation à l’intelligence artificielle.
De jeunes start-ups africaines développent des plateformes de données locales, des IA en langues africaines et des solutions pour la gouvernance numérique.

Le partenariat entre l’Estonie et plusieurs pays africains sur l’e-gouvernement, ou encore la dynamique du Forum francophone sur la gouvernance d’internet, montrent que le train peut être rattrapé — à condition d’y monter maintenant.


S’asseoir à la table, ou rester au menu

Le numérique est le nouveau terrain de pouvoir mondial.
Y être absent, c’est laisser d’autres décider du prix, des règles et des priorités.
L’Afrique francophone n’a pas besoin d’invitation : elle doit s’imposer à la table, avec ses propres valeurs, ses langues et sa vision du développement.

Car à l’ère du digital, ceux qui n’écrivent pas les règles finissent toujours par les subir.

La Rédaction

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