
Énergie au Mali : 24 milliards FCFA débloqués pour affronter l’urgence électrique.

Face à une crise énergétique persistante, le gouvernement malien a décidé de débloquer 24 milliards de FCFA pour améliorer, en urgence, l’approvisionnement en électricité. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie hybride mêlant réponse immédiate et réforme structurelle à travers des projets comme Yelen Sira.
Une crise structurelle aux conséquences multiples
Depuis plusieurs années, le Mali est confronté à un déficit chronique en énergie électrique, marqué par des délestages répétés, des équipements obsolètes, et une dépendance excessive aux carburants fossiles. Cette situation impacte directement les conditions de vie des citoyens et freine l’activité économique, notamment dans les secteurs de l’industrie, du commerce et de la santé.
En milieu rural, moins d’un quart des habitants ont accès à l’électricité, et même dans les centres urbains, la fourniture reste instable. À Bamako, les coupures sont devenues quasi quotidiennes. La faiblesse de l’investissement dans le secteur et les dettes accumulées par l’opérateur public EDM‑SA accentuent la vulnérabilité du réseau.
Un fonds patriotique mobilisé pour l’électricité
Pour répondre à cette urgence, le gouvernement a activé un mécanisme de financement inédit : le Fonds de soutien aux infrastructures de base et de développement social. Créé en février 2025, ce fonds est alimenté par des taxes sur les recharges téléphoniques et les transactions mobile money.
Le 16 juillet 2025, une enveloppe de 24 milliards de FCFA a été remise officiellement au ministère de l’Énergie et de l’Eau. Il s’agit du premier décaissement effectif de ce fonds, qui avait collecté près de 35 milliards de FCFA en moins de six mois.
Cette somme servira principalement à :
- approvisionner les centrales thermiques en carburant,
- réaliser des travaux de maintenance et de réparation sur les équipements de production,
- renforcer temporairement la capacité de production électrique.
Ce financement s’inscrit dans le cadre du Plan unique d’amélioration de la desserte électrique, lancé pendant le Ramadan 2025.
Yelen Sira, un projet structurant encore en gestation
Parallèlement à ces mesures d’urgence, le gouvernement malien mise sur un programme d’envergure : le projet Yelen Sira (« la voie de la lumière »). Financé en grande partie par la Banque mondiale, ce projet mobilise plus de 157 millions de dollars et vise une transformation en profondeur du secteur énergétique national.
Les objectifs principaux de Yelen Sira incluent :
- la modernisation du réseau électrique autour de Bamako,
- l’installation de mini-réseaux solaires hybrides pour les zones rurales non connectées,
- l’extension du réseau de transport (lignes 30 kV sur les axes Koulikoro–Banamba, Kati–Kolokani),
- la réduction des pertes techniques de 8,5 % à 4,5 % à l’horizon 2028,
- l’augmentation de la capacité d’évacuation d’électricité de 100 MW.
Cependant, malgré ses ambitions, le projet accuse des retards de mise en œuvre, en partie liés à des lenteurs administratives et à la complexité des montages institutionnels.
Une réponse hybride pour des résultats durables
En débloquant ces 24 milliards FCFA, les autorités cherchent à gagner du temps et à soulager les populations, tout en préparant le terrain à des réformes de fond. Cette stratégie à double vitesse — urgence et structuration — pourrait s’avérer pertinente si elle est accompagnée d’une gouvernance rigoureuse, d’une transparence dans l’exécution budgétaire, et d’un suivi régulier des indicateurs de performance.
Si les promesses sont tenues, le Mali pourrait amorcer une transition énergétique progressive, avec un accès élargi à l’électricité, moins de délestages et un secteur énergétique plus résilient.
La Rédaction