Burkina Faso : L’État renfloue la SOSUCO à hauteur de 11,6 milliards FCFA pour sauver la filière sucrière.
Le gouvernement burkinabè vient d’envoyer un signal fort à la filière sucrière nationale. Lors du Conseil des ministres du 16 octobre 2025, l’État a décidé d’augmenter le capital social de la Société sucrière de la Comoé (SOSUCO) à 11,6 milliards FCFA, avec à la clé une reprise en main majoritaire de cette entreprise stratégique basée à Banfora. Une bouffée d’oxygène pour une société fragilisée depuis plusieurs années.
Une recapitalisation historique
Selon le décret adopté, la recapitalisation de SOSUCO se traduira par l’émission de 349 011 nouvelles actions d’une valeur nominale de 10 000 FCFA chacune, portant le capital social total à 11 633 700 000 FCFA.
Dans cette nouvelle configuration, l’État burkinabè détient désormais 70 % du capital, soit environ 8,14 milliards FCFA, contre 30 % pour les acteurs privés (environ 3,49 milliards FCFA).
Ce renforcement de la participation publique transforme la société en entreprise d’économie mixte à majorité publique. Concrètement, l’État reprend la main sur une entreprise qui avait connu, ces dernières années, une privatisation partielle et une perte de contrôle au profit du secteur privé.
Objectif : relancer la filière sucrière nationale
Cette décision s’inscrit dans la stratégie de relance d’un secteur jugé essentiel pour l’économie nationale.
SOSUCO, installée à Banfora depuis les années 1960, a longtemps été le poumon de la production sucrière burkinabè, avant de connaître un déclin marqué par des difficultés techniques, des dettes accumulées et une production en baisse.
Le gouvernement souhaite, par cette recapitalisation, moderniser l’outil industriel, réhabiliter les plantations de canne à sucre, et réduire la dépendance du pays aux importations de sucre.
L’objectif affiché est clair : “produire ce que nous consommons”, tout en protégeant les emplois directs et indirects générés par la filière dans la région des Cascades.
Des défis structurels à surmonter
Mais la relance ne se fera pas en un claquement de doigts.
SOSUCO devra affronter de nombreux défis :
- Un outil de production vieillissant nécessitant d’importants investissements ;
- Des retards d’entretien sur les équipements agricoles et industriels ;
- Une dette élevée héritée des années précédentes ;
- Et surtout, la nécessité d’une gouvernance exemplaire pour éviter les erreurs du passé.
Les autorités se veulent optimistes, affirmant que l’État ne se contente plus d’être un simple actionnaire, mais entend désormais piloter activement la restructuration et le redressement de la société.
Une relance symbolique pour la souveraineté économique
Au-delà du sucre, la reprise en main de la SOSUCO est un acte politique et économique fort.
Dans un contexte où la souveraineté alimentaire et industrielle devient un enjeu stratégique pour le Burkina Faso, cette recapitalisation symbolise une volonté de reprendre le contrôle sur les filières productives locales.
En réaffirmant son engagement dans SOSUCO, l’État cherche non seulement à redresser une entreprise, mais à réconcilier production locale et indépendance économique. Une ambition qui, si elle se concrétise, pourrait rendre à Banfora et à la filière sucrière toute leur saveur d’antan.
La SOSUCO n’est pas qu’une usine : c’est un symbole. Un symbole d’autonomie, d’emplois ruraux et de sucre produit au pays.
Si l’État parvient à transformer ce sauvetage financier en renaissance industrielle, le Burkina pourrait bien redécouvrir le goût d’un sucre… vraiment national.
La Rédaction



