
Burkina Faso : La BOAD injecte 6 milliards FCFA dans le chantier de l’aéroport de Donsin, un projet à bout de souffle mais toujours vital.
Le projet de l’aéroport international de Ouagadougou-Donsin, censé incarner la modernité du transport aérien burkinabè, continue de mobiliser les partenaires financiers. La Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) vient d’approuver un financement supplémentaire de 5,9 milliards FCFA, arrondi à 6 milliards, pour relancer certaines composantes du chantier.
Un geste financier qui redonne un souffle à un projet ambitieux, mais freiné depuis des années par des lenteurs, des surcoûts et des défis techniques.
Un aéroport pour remplacer celui de Ouagadougou
Situé à une trentaine de kilomètres au nord-est de la capitale, le nouvel aéroport international de Donsin doit remplacer l’actuel aéroport de Ouagadougou, saturé et enclavé au cœur de la ville.
Pensé dès les années 2000, le projet a pour ambition d’accueillir plus d’un million de passagers par an, avec une piste de 3 500 mètres, des infrastructures modernes et une aérogare digne des standards internationaux.
Selon la BOAD, ce financement de près de 6 milliards FCFA s’inscrit dans sa politique de soutien aux infrastructures stratégiques de la région. Il vient compléter les contributions d’autres partenaires, notamment la Banque Islamique de Développement (BID), déjà impliquée dans le lot 2A du chantier, achevé à près de 92 % selon les dernières données disponibles.
Un projet colossal… et coûteux
Le coût global du projet, dans sa première phase, est estimé à plus de 577 milliards FCFA, selon un rapport parlementaire de l’Assemblée Législative de Transition (ALT).
Un montant qui en fait l’un des projets d’infrastructure les plus onéreux du pays, avec des implications majeures sur les finances publiques et la dette à long terme.
Mais l’ALT a également pointé de nombreuses insuffisances : retards accumulés, malfaçons sur certains ouvrages, difficultés de réinstallation des populations affectées et problèmes de coordination entre les maîtres d’œuvre.
Autrement dit, Donsin est à la fois un chantier d’avenir et un casse-tête budgétaire.
Les enjeux économiques et stratégiques
Pour le Burkina Faso, enclavé et dépendant du transport terrestre, disposer d’un aéroport moderne n’est pas un luxe, mais une nécessité.
L’infrastructure vise à faire de Ouagadougou un hub régional, capable d’attirer davantage de compagnies aériennes, d’investisseurs et de touristes. Elle devrait aussi renforcer la connectivité commerciale du pays, notamment avec les autres capitales ouest-africaines.
Cependant, ces ambitions ne pourront se concrétiser que si le projet sort enfin de l’ornière. L’injection récente de la BOAD apparaît donc comme un signal de confiance, mais aussi comme un rappel des attentes : livrer, cette fois, un aéroport opérationnel, conforme aux promesses faites depuis plus d’une décennie.
Une relance qui devra convaincre
Avec cette nouvelle enveloppe de la BOAD, le gouvernement burkinabè dispose d’une marge de manœuvre pour accélérer les travaux restants.
Mais la crédibilité du projet dépendra de la transparence dans la gestion, de la qualité des travaux et du respect des délais.
Car au-delà des chiffres, Donsin symbolise la capacité du pays à mener à bien un grand projet public malgré les crises sécuritaires et économiques.
La BOAD a remis du carburant dans le moteur. À présent, il faudra décoller.
La Rédaction