Budget du Mali 2025 : Entre ambitions de relance et contraintes sécuritaires.

Adopté en décembre 2024, le budget de l’État malien pour l’exercice 2025 s’élève à 2 750,312 milliards FCFA, soit une hausse de près de 200 milliards FCFA par rapport à l’année précédente. Cette augmentation reflète la volonté des autorités de renforcer les capacités de l’État dans un contexte de transition prolongée, marqué par de multiples défis économiques, sociaux et sécuritaires.
Des dépenses en forte progression
Le projet de loi prévoit des dépenses totales à hauteur de 2 750,312 milliards FCFA, avec une nette augmentation des dépenses en capital, qui passent de 798,897 milliards FCFA en 2024 à 1 059,090 milliards FCFA en 2025. Cette orientation vise à soutenir les investissements publics, notamment dans les infrastructures, l’énergie et les secteurs sociaux.
Les dépenses de personnel, quant à elles, représentent 45,45 % des dépenses courantes, traduisant le poids important de la masse salariale dans le budget de l’État.
Un besoin de financement qui reste élevé
Malgré une légère hausse des recettes budgétaires, projetées à 2 056,649 milliards FCFA, l’État malien devra toujours recourir à l’endettement pour couvrir une partie de ses besoins. En effet, le déficit budgétaire global s’établit à 693,663 milliards FCFA, soit 5,6 % du PIB, un niveau supérieur au critère de convergence de l’UEMOA fixé à 3 %.
Le gouvernement prévoit de combler ce déficit à travers des financements extérieurs (473,983 milliards FCFA) et des emprunts sur le marché financier régional (150,489 milliards FCFA), notamment par l’émission de bons et d’obligations assimilables du Trésor.
Le poids de la dette et les incertitudes macroéconomiques
Au 31 décembre 2024, la dette publique du Mali s’élevait à 6 648,15 milliards FCFA, soit 53,82 % du PIB, contre 52,9 % en 2023. Cette évolution modérée reste en deçà du seuil d’alerte communautaire fixé à 70 %, mais elle traduit une dépendance croissante aux ressources d’emprunt dans un contexte de ralentissement de l’aide extérieure et de faible mobilisation des ressources internes.
L’environnement économique reste fragile, sous l’effet conjugué des sanctions passées, de la volatilité des cours des matières premières, et des tensions sécuritaires persistantes dans plusieurs régions du pays. L’espoir d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel en 2024 ne s’est pas concrétisé, rendant plus incertain le soutien des partenaires techniques et financiers.
À mi-parcours, quel bilan d’exécution ?
Selon les données provisoires du ministère de l’Économie et des Finances, à fin juin 2025, les recettes effectivement mobilisées représenteraient environ 48 % de l’objectif annuel, avec une performance notable de la Direction Générale des Douanes. Côté dépenses, les engagements prioritaires (salaires, sécurité, santé, éducation) ont été tenus, mais plusieurs programmes d’investissements affichent un taux d’exécution inférieur à 40 %, en raison de retards administratifs et du contexte sécuritaire.
Un équilibre budgétaire toujours précaire
En somme, le budget 2025 du Mali tente d’allier ambitions de développement et impératifs de stabilité. Mais à mi‑année, l’exécution budgétaire montre les limites d’un modèle encore trop dépendant des financements extérieurs et confronté à des réalités structurelles difficiles. L’enjeu des prochains mois sera de maintenir le cap sans creuser davantage le déficit, tout en préparant les conditions d’une reprise économique durable.
La Rédaction