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BANQUE MONDIALE : AJAY BANGA PLACE L’EMPLOI AU CŒUR DE LA NOUVELLE STRATÉGIE MONDIALE DE DÉVELOPPEMENT.

Sous la présidence d’Ajay Banga, la Banque mondiale change de boussole. Le nouveau mot d’ordre : “des emplois, pas seulement des projets”. Dans un monde traversé par les dettes, les chocs climatiques et la jeunesse explosive du Sud, l’institution entend faire de la création d’emplois le moteur central du développement.


Une rupture assumée

Depuis son arrivée à la tête du Groupe de la Banque mondiale en juin 2023, Ajay Banga s’est engagé à refonder la mission de l’institution.
« Un emploi, ce n’est pas qu’un revenu ; c’est la dignité et le sens même du développement », martèle-t-il dans ses discours à Washington et Nairobi.

Son credo est simple : le développement ne se mesure plus seulement en routes, en mégawatts ou en pipelines construits, mais en emplois créés.
Et cette réorientation n’est pas qu’un slogan : elle est désormais au centre du « nouveau playbook » de la Banque mondiale, qui vise à transformer la croissance économique en opportunités concrètes pour les populations.


Une urgence démographique mondiale

Les chiffres donnent le vertige : plus de 1,2 milliard de jeunes entreront sur le marché du travail dans la prochaine décennie, principalement en Afrique et en Asie du Sud.
Pourtant, au rythme actuel, seuls 400 à 425 millions d’emplois devraient être créés, laissant près de 800 millions de personnes en marge.
Un déséquilibre dangereux pour la stabilité mondiale, qui menace de transformer le « dividende démographique » en bombe sociale.

C’est ce constat qui pousse Banga à recentrer la Banque sur l’emploi productif comme indicateur principal du développement durable. « Le monde n’a pas besoin de projets de développement : il a besoin d’emplois qui donnent un futur », a-t-il résumé lors des Assemblées annuelles 2024 du FMI et de la Banque mondiale.


Les cinq piliers de la nouvelle stratégie

Sous sa direction, la Banque mondiale a identifié cinq secteurs clés capables de générer massivement des emplois :

  1. Les infrastructures et l’énergie, pour poser les fondations de la productivité.
  2. L’agriculture et l’agro-industrie, piliers de la transformation rurale.
  3. La santé et le bien-être, pour bâtir une main-d’œuvre résiliente.
  4. Le tourisme, grand employeur informel à formaliser.
  5. La manufacture à valeur ajoutée, pour diversifier les économies dépendantes des matières premières.

Chaque nouveau projet devra désormais démontrer sa capacité à créer des emplois durables, pas seulement son rendement économique immédiat.


Un changement d’ADN pour la Banque mondiale

Cette orientation s’accompagne d’une réforme interne : Banga veut une Banque plus rapide, plus simple, plus efficace.
« Le développement retardé est un développement refusé », affirme-t-il sans détour.
Pour cela, il pousse les équipes à raccourcir les délais d’approbation des projets, à mobiliser davantage le secteur privé, et à privilégier les partenariats hybrides entre États, entreprises et philanthropies.

L’objectif : sortir la Banque mondiale d’une logique de “bailleur” pour la repositionner en catalyseur économique mondial.


Les implications pour les pays du Sud

Pour les pays africains notamment, cette stratégie résonne comme une promesse et un défi à la fois.
Promesse, car la Banque pourrait désormais financer plus directement les programmes de formation, d’entrepreneuriat et d’industrialisation légère, souvent négligés.
Mais aussi défi, car sans politiques publiques solides ni climat des affaires propice, la création d’emplois restera un mirage.

Banga insiste : « Les gouvernements doivent créer les conditions du décollage, la Banque mondiale aidera à enflammer le moteur. »


Une approche plus humaine du développement

Sous le vernis technocratique, c’est un changement de philosophie :
la Banque mondiale veut redevenir une banque du développement humain, pas seulement du financement d’infrastructures.
Dans un monde marqué par la montée des inégalités et la perte de repères, replacer l’emploi, la dignité et la valeur du travail au centre de l’action internationale est autant un pari économique qu’un geste politique.


À l’ère des robots, de l’intelligence artificielle et des crises successives, Ajay Banga remet la main humaine au cœur du développement.
Son message, au fond, est simple : le vrai capital du monde, c’est le travail des hommes et des femmes.
Reste à voir si la Banque mondiale saura transformer cette belle idée en emplois réels, sur le terrain.

La Rédaction

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