BAD–Japon : Une nouvelle plateforme Afrique–Asie pour faire circuler technologies, idées… et ambitions.
La Banque africaine de développement (BAD) et le Japon ont décidé de passer à la vitesse supérieure dans leur coopération. Ensemble, ils lancent une plateforme d’échange réciproque de technologies, d’innovations et de connaissances entre l’Afrique et l’Asie. Une initiative qui vise clairement un objectif : faire de l’Afrique non plus seulement un marché, mais un partenaire technologique à part entière.
Une plateforme Afrique-Asie pour structurer les échanges d’innovations
Officiellement présentée à Tokyo, à l’Université des Nations unies, la nouvelle plateforme Afrique–Asie est portée par trois institutions :
- la Banque africaine de développement (BAD),
- l’Université de Pretoria (Afrique du Sud),
- et l’École de politique publique de l’Université de Tokyo (GraSPP).
Elle est financée via le Policy and Human Resource Development Grant (PHRDG), un fonds fiduciaire du gouvernement japonais logé au sein de la BAD.
L’idée est simple, mais ambitieuse : créer un cadre structuré et permanent où s’échangent technologies, innovations, recherches et expériences entre l’Afrique et l’Asie – avec un focus particulier sur les jeunes, les universités et les startups.
Japon-Afrique : du financement à la co-création technologique
Depuis plusieurs années, le Japon est un partenaire clef de l’Afrique à travers :
- la TICAD (Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique),
- des cofinancements dans les infrastructures, l’énergie ou le climat,
- et le soutien à la BAD via différents fonds.
Avec cette nouvelle plateforme, le partenariat change légèrement de nature :
On passe du schéma classique “bailleur–bénéficiaire” à une logique de “co-création et de partage”.
Le Japon ne vient pas seulement apporter de l’argent ou des experts ; il met aussi à disposition son écosystème d’innovation, ses universités, ses entreprises et ses technologies.
Une priorité : les jeunes, les startups et les campus
La plateforme Afrique-Asie comporte plusieurs volets concrets :
- Un réseau de connaissances Afrique-Asie
- Partage d’expertises entre chercheurs, universités, centres de recherche,
- échanges sur les politiques publiques en matière d’innovation, numérique, industrie, énergie, etc.
- Un dialogue structuré public-privé
- Forums, conférences, ateliers réunissant décideurs publics, grandes entreprises, investisseurs et startups,
- mise en relation de porteurs de projets africains avec des partenaires asiatiques.
- Un réseau interuniversitaire Afrique-Asie
- Programmes de formation, recherche collaborative, mobilité d’étudiants,
- renforcement de capacités en innovation, transition énergétique, technologies numériques, industrie 4.0.
- Un coup de pouce à l’entrepreneuriat des jeunes
- soutien à des startups technologiques,
- mise en place d’un “hub” pour encourager des projets conjoints entre jeunes entrepreneurs africains et asiatiques,
- valorisation de solutions locales africaines pouvant être adaptées en Asie — et inversement.
En résumé, la plateforme veut transformer les bonnes idées en projets concrets et les projets en entreprises créatrices d’emplois.
Pour l’Afrique, un enjeu de positionnement stratégique
La BAD insiste sur un point : l’Afrique ne doit plus se contenter d’importer des technologies, elle doit aussi en produire, en adapter et en exporter.
La plateforme Afrique-Asie doit donc :
- aider les pays africains à rattraper le retard technologique,
- favoriser l’industrialisation intelligente (numérique, énergie propre, agriculture de précision, santé digitale, etc.),
- et permettre aux jeunes diplômés de ne pas rester coincés dans des économies à faible valeur ajoutée.
Côté japonais, l’enjeu est tout aussi clair :
- accéder à de nouveaux marchés,
- tester des innovations dans des contextes variés,
- et consolider une présence économique et politique en Afrique, face à d’autres grandes puissances déjà très actives.
Un pari sur l’avenir : du discours à l’impact réel
Sur le papier, la plateforme coche toutes les cases : innovation, jeunesse, technologies, coopération Sud-Est.
La vraie question sera désormais celle de l’exécution :
- Combien de projets concrets verront le jour ?
- Combien de startups africaines seront accompagnées ?
- Quel volume d’échanges réels entre universités, chercheurs, incubateurs ?
Si les promesses sont tenues, cette plateforme pourrait devenir l’un des rares espaces où l’Afrique ne vient pas seulement chercher des financements, mais proposer aussi ses propres solutions au reste du monde.
Dans un monde qui court après l’innovation, la BAD et le Japon viennent de dessiner un pont. Reste à savoir combien de talents, de technologies et de projets oseront le traverser… et dans quel sens.
La Rédaction



