
BAD–Arabie Saoudite : Un nouvel élan financier pour propulser les investissements en Afrique.
L’Afrique vient de sceller un nouveau pacte de financement majeur. En marge des Réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale à Washington, la Banque africaine de développement (BAD) a annoncé, le 14 octobre 2025, le renforcement de sa collaboration avec deux poids lourds financiers saoudiens : la Saudi Export-Import Bank (Saudi EXIM) et le Saudi Fund for Development (SFD).
L’objectif est ambitieux : stimuler massivement les investissements dans les secteurs porteurs du continent, à commencer par les énergies renouvelables, les infrastructures commerciales, les transports, le logement social et le développement industriel.
Des ambitions claires et des moyens solides
Ce partenariat vise à bâtir des mécanismes conjoints de cofinancement, à améliorer l’accès au crédit à l’export, à développer des instruments de garantie et à offrir un appui technique ciblé aux pays africains.
Selon les déclarations officielles de la BAD, l’Arabie Saoudite s’est déjà engagée à mobiliser plus de 15 milliards de dollars à travers ces deux institutions :
- 10 milliards USD via Saudi EXIM pour soutenir les exportations et les échanges commerciaux ;
- 5 milliards USD via le Saudi Fund for Development pour financer des projets structurants.
Cet engagement traduit une volonté claire de Riyad d’intensifier sa présence économique sur le continent, dans la continuité de la stratégie « Vision 2030 » qui vise à diversifier son économie au-delà du pétrole.
Les domaines prioritaires : énergie, industrie et résilience
Le président de la BAD, Dr. Sidi Ould Tah a salué un partenariat « structurant et tourné vers l’avenir. Il a souligné que ces ressources soutiendront notamment les programmes phares de la Banque tels que :
- Desert to Power, pour électrifier le Sahel grâce à l’énergie solaire ;
- Alliance for Green Infrastructure in Africa (AGIA), axée sur la résilience climatique ;
- et les zones agro-industrielles spéciales pour renforcer la transformation locale des produits agricoles.
Ces programmes, déjà en cours dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et de l’Est, devraient bénéficier d’un levier financier supplémentaire grâce à la participation saoudienne.
Une coopération gagnant-gagnant
Du côté saoudien, le président de Saudi EXIM, Saad Al-Khalb, a mis en avant la complémentarité entre les ambitions africaines et la capacité d’investissement du Royaume :
« L’Afrique représente une opportunité stratégique pour nos institutions. En collaborant avec la BAD, nous voulons faire de l’investissement un instrument concret de prospérité partagée. »
Ce rapprochement illustre aussi une dynamique plus large : celle d’une coopération Sud-Sud repensée, où les financements arabes ne se limitent plus à l’aide publique, mais deviennent des investissements productifs, ancrés dans les besoins réels du continent.
L’Afrique, longtemps perçue comme un terrain d’aide, devient désormais une terre d’investissement stratégique. Avec la BAD comme chef d’orchestre et Riyad comme partenaire capitaliste, le continent s’ouvre à un nouveau cycle d’influence économique.
Mais comme toujours en finance internationale, la vraie question ne sera pas celle des promesses… mais de leur mise en œuvre.
Car si les milliards sont bien annoncés, c’est leur transformation en projets concrets — routes, usines, centrales — qui fera la différence entre une ambition affichée et un tournant historique.
La Rédaction