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ATFS 2025 à Abidjan : Afreximbank sonne la mobilisation pour un financement du commerce plus fort et plus africain.

Le ton est donné dès l’ouverture de la 25ᵉ édition du Afreximbank Trade Finance Seminar (ATFS 2025) : l’Afrique doit reprendre le contrôle de son financement du commerce. De la voix de sa directrice du Trade Finance & Correspondent Banking, Gwen Mwaba, la banque panafricaine a exhorté les institutions financières du continent à « renforcer leurs capacités pour accélérer une croissance inclusive ».

Derrière cette déclaration d’apparence technique, se cache un enjeu stratégique colossal : combler un déficit annuel de financement du commerce estimé à 100 milliards USD. Un gouffre qui empêche encore des milliers d’entreprises africaines d’exporter, d’importer ou de développer leurs chaînes de valeur.


Un forum devenu un laboratoire continental

Pendant trois jours, Abidjan accueille plus de 300 acteurs du commerce africain : banquiers, dirigeants d’entreprises, fintechs, experts et représentants d’institutions de développement. Ensemble, ils dissèquent un thème volontairement ambitieux :
« Le financement du commerce à l’ère du protectionnisme : s’adapter à la reconfiguration des alliances mondiales. »

L’objectif est clair : réfléchir à des solutions africaines pour financer le commerce intra-continental et réduire la dépendance aux acteurs extérieurs, souvent frileux face au risque africain.
« Nous devons construire nos propres outils, nos propres compétences et nos propres institutions », a martelé Gwen Mwaba, rappelant qu’un commerce florissant ne peut reposer éternellement sur des lignes de crédit venues d’ailleurs.


Pourquoi le financement du commerce est la clé ?

Le financement du commerce — ces crédits, garanties et instruments qui permettent de payer et d’expédier des biens entre pays — reste l’un des piliers les plus sous-estimés de la croissance africaine.
Quand une PME ivoirienne ou malienne peine à obtenir une simple lettre de crédit pour exporter son cacao ou ses produits transformés, c’est tout un segment d’économie qui se grippe.

Selon Afreximbank, les PME représentent près de 90 % des entreprises du continent, mais elles n’accèdent qu’à une infime partie des solutions de financement international. La conséquence : un commerce intra-africain encore limité à environ 16 % des échanges totaux — loin derrière les blocs européens ou asiatiques.


Des solutions à portée de main

Afreximbank plaide pour trois axes concrets :

  1. Former et renforcer les banques locales : mieux comprendre les opérations de financement du commerce, souvent complexes.
  2. Créer des instruments adaptés : garanties de crédit, programmes de partage de risque, factoring, ou lignes spéciales pour les PME.
  3. Encourager la coopération régionale : multiplier les synergies entre banques africaines, institutions publiques et acteurs privés.

Ces solutions, déjà amorcées par la banque dans plusieurs pays, doivent désormais être amplifiées pour créer un écosystème robuste et autonome.


Les défis à surmonter

Mais la route reste longue. Le cadre réglementaire reste morcelé, les coûts de financement élevés, et la perception du risque encore pénalisante.
Le séminaire d’Abidjan, tout en soulignant les succès d’Afreximbank (programmes de garantie, plateformes numériques, formation bancaire), reconnaît que la mise en œuvre doit aller plus vite.

Sans décisions concrètes — engagements chiffrés, calendriers, bénéficiaires —, les intentions resteront théoriques. Et l’écart entre ambitions continentales et réalité du terrain, béant.


Une Afrique décidée à ne plus attendre

Pour Afreximbank, le message est limpide : la souveraineté économique commence par la maîtrise du financement du commerce.
En renforçant ses capacités internes, le continent pourra enfin transformer ses matières premières, valoriser ses produits et créer ses emplois sans dépendre de la « bonne humeur » des marchés extérieurs.


Le commerce africain ne manque ni de produits ni d’idées, mais de souffle financier. À Abidjan, Afreximbank rappelle que le moteur est prêt ; il faut maintenant y verser du carburant africain. Et vite.

La Rédaction

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