Afrique : Le marché aval pétrolier en route vers 121 milliards USD d’ici 2032.
Le secteur pétrolier africain continue de jouer un rôle pivot dans la croissance économique du continent, mais c’est désormais l’aval — le raffinage, la distribution et la commercialisation — qui s’impose comme le nouveau moteur de valeur.
Selon une étude publiée par Verified Market Research, le marché aval pétrolier africain (downstream oil and gas) est estimé à 80,5 milliards USD en 2024 et devrait atteindre 120,8 milliards USD d’ici 2032, soit une croissance annuelle moyenne de 5,2 %.
Une dynamique tirée par la demande locale
Cette progression s’explique avant tout par la hausse de la consommation énergétique sur le continent.
Avec plus de 1,5 milliard d’habitants attendus d’ici 2030, la demande en carburants, gaz et produits dérivés continue de croître, notamment dans les zones urbaines.
Des pays comme le Nigeria, l’Angola, l’Afrique du Sud, l’Égypte ou encore la Côte d’Ivoire renforcent leur capacité de raffinage pour réduire leur dépendance aux importations.
Le Nigeria, par exemple, avec la mise en service de la raffinerie Dangote (capacité : 650 000 barils/jour), ambitionne de devenir un hub régional de l’aval pétrolier.
Raffinage et logistique : les deux poumons du marché
Selon le rapport, le raffinage reste le principal moteur du secteur, mais la logistique pétrolière (transport, stockage, distribution) gagne du terrain à mesure que les États investissent dans des infrastructures de stockage et d’oléoducs régionaux.
Au Sénégal, la Société Africaine de Raffinage (SAR) prévoit d’augmenter sa capacité pour accompagner les futures productions pétrolières de Sangomar, tandis que la Côte d’Ivoire modernise la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR) pour répondre à la demande régionale.
L’Afrique de l’Est, portée par la construction du pipeline Ouganda–Tanzanie (EACOP), s’impose également comme un pôle logistique stratégique.
Transitions énergétiques et défis environnementaux
Toutefois, cette expansion du marché aval ne s’opère pas sans tensions.
Les politiques climatiques mondiales poussent les pays africains à investir dans des carburants plus propres et à diversifier leurs sources d’énergie.
Des acteurs comme TotalEnergies, Vivo Energy et Ola Energy s’adaptent en introduisant des produits à faible teneur en soufre et des stations-service hybrides (fossile + électrique).
Mais pour nombre d’experts, la transition énergétique ne doit pas se faire au détriment de la sécurité énergétique, encore fragile sur le continent.
Le véritable défi sera donc de concilier croissance économique, industrialisation et durabilité environnementale.
l’Afrique veut raffiner son avenir
En 2032, lorsque le marché atteindra près de 121 milliards USD, l’Afrique aura peut-être tourné une page : celle d’un continent exportateur brut de pétrole mais importateur de produits raffinés.
Ce virage stratégique, amorcé dans plusieurs capitales africaines, incarne une volonté : transformer localement pour créer de la valeur, des emplois et de la souveraineté énergétique.
L’or noir africain n’a pas fini de couler, mais désormais, c’est dans les pipelines du progrès que se joue la prochaine bataille.
La Rédaction

