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Afrique : L’aide publique au développement en question – un levier en panne face à la pauvreté.

L’Afrique, longtemps considérée comme la grande bénéficiaire de l’Aide publique au développement (APD), fait aujourd’hui l’objet d’une critique sévère. Selon un rapport d’Oxfam publié en août 2025, intitulé « Changing Face of Aid in Africa : Outlook, failures, and reform potential », l’APD, telle qu’elle est pratiquée, ne parvient pas à réduire efficacement la pauvreté et les inégalités sur le continent.

Des coupes budgétaires qui fragilisent l’Afrique

Le document dresse un constat alarmant : les principaux bailleurs de fonds réduisent drastiquement leurs engagements. Les États-Unis prévoient une baisse de 90 % de leur contribution d’ici 2025, le Royaume-Uni ramènera son effort de 0,5 % à 0,3 % de son RNB d’ici 2027, et la France prévoit une coupe de près de 40 %. Au total, 31 milliards de dollars d’aide mondiale devraient disparaître dès l’an prochain.
Une tendance qui inquiète, alors même que l’Afrique concentre la majorité des pays les moins avancés et fait face à une pauvreté persistante, à une montée des inégalités et aux effets dévastateurs du changement climatique.

Une aide mal ciblée et mal pensée

Oxfam pointe également un problème de ciblage sectoriel. Entre 2018 et 2023, près de 45 % de l’APD a été consacrée à la santé. Si ce secteur est crucial, d’autres tout aussi vitaux restent négligés : l’éducation, l’agriculture, l’eau potable et la protection sociale.
Les inégalités de genre ne sont pas mieux prises en compte : à peine 0,3 % de l’APD a été dirigée vers les organisations de femmes africaines entre 2018 et 2022, malgré les promesses répétées des bailleurs.

L’ombre de la dette et la dépendance persistante

Autre constat préoccupant : une grande partie du financement climatique destiné au continent prend la forme de prêts, aggravant ainsi l’endettement des pays africains. Par ailleurs, l’aide reste largement contrôlée par les bailleurs et les ONG internationales, marginalisant les acteurs locaux et réduisant la souveraineté des États bénéficiaires.

Oxfam plaide pour une réforme en profondeur

Face à ces limites, l’ONG propose une série de réformes :

  • Recentrer l’APD sur l’équité et la justice sociale,
  • Augmenter la part destinée aux pays les moins avancés et aux secteurs essentiels,
  • Canaliser davantage de fonds vers les organisations locales et de femmes,
  • Séparer clairement l’aide au développement du financement climatique,
  • Et renforcer la mobilisation des ressources internes via la transparence fiscale.

Une dépendance qui interroge

Au final, Oxfam pose une question de fond : jusqu’à quand l’Afrique restera-t-elle dépendante d’une aide extérieure qui peine à répondre à ses vrais besoins ? Alors que les défis s’accumulent, du changement climatique aux inégalités, le continent doit repenser ses leviers internes de financement pour sortir de cette dépendance chronique.
La balle est désormais autant dans le camp des bailleurs que dans celui des dirigeants africains.

La Rédaction

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