
100 milliards USD : L’Afrique trace sa voie vers une économie verte et souveraine.
L’Afrique ne veut plus rester spectatrice de la transition climatique mondiale. Réunis à Addis-Abeba pour leur deuxième Sommet africain sur le climat, les chefs d’État et de gouvernement du continent ont annoncé un plan inédit : mobiliser 100 milliards de dollars pour financer une industrialisation verte et renforcer la souveraineté énergétique africaine.
Un engagement financier historique
Ce vaste programme repose sur un accord signé entre bailleurs de fonds, banques commerciales africaines et institutions de développement. La Banque africaine de développement (BAD), Afreximbank, Ecobank Transnational, Africa Finance Corporation ou encore KCB Group figurent parmi les principaux partenaires. L’objectif : financer massivement les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et les infrastructures bas-carbone.
« L’Afrique doit cesser d’attendre des financements extérieurs incertains et prendre son destin en main », a résumé le président kényan William Ruto, fervent défenseur du projet.
Miser sur l’innovation locale
Au-delà de la finance, les dirigeants veulent stimuler la création africaine de solutions vertes. Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a présenté un “Climate Innovation Compact” : un pacte visant à fédérer universités, startups, centres de recherche et communautés rurales. L’ambition est claire : produire 1 000 solutions technologiques et sociales contre le dérèglement climatique d’ici 2030.
« L’Afrique peut devenir le premier continent à s’industrialiser sans détruire ses écosystèmes », a-t-il déclaré, tout en renouvelant sa candidature pour accueillir la COP32 en 2027.
Un contexte de vulnérabilité persistante
Ce plan intervient dans un contexte paradoxal. Malgré son potentiel solaire, éolien et hydraulique considérable, l’Afrique n’attire qu’environ 1 % du financement climatique mondial. Pendant ce temps, le continent continue de subir de plein fouet les sécheresses, inondations et glissements de terrain liés au dérèglement climatique.
La situation est aggravée par le désengagement de certaines puissances occidentales, notamment les États-Unis, qui se sont de nouveau retirés de l’Accord de Paris. Un coup dur pour les pays africains, parmi les moins pollueurs historiquement, mais les plus vulnérables aux catastrophes climatiques.
Vers une souveraineté climatique
En lançant ce programme de 100 milliards USD, les dirigeants africains veulent envoyer un signal fort : l’avenir climatique du continent doit être financé et piloté par les Africains eux-mêmes. L’Union africaine a insisté sur la nécessité d’un financement équitable, prévisible et durable, condition indispensable pour bâtir une économie verte solide.
Avec ce sommet, l’Afrique prend une place nouvelle dans le concert climatique mondial. En passant du statut de demandeur d’aides à celui d’investisseur dans sa propre transition, elle cherche à écrire un chapitre inédit : celui d’un continent qui veut se verdir, sans se renier.
La Rédaction