
Une stratégie de financement intensifiée sur le marché UEMOA.
Le Mali poursuit une politique active de recours aux emprunts obligataires sur le marché régional de l’UEMOA afin de financer son budget et ses projets d’infrastructures. Ces opérations visent à diversifier les sources de financement dans un contexte international marqué par des restrictions de prêts extérieurs et un coût du capital en hausse.
Au cours des dernières semaines, le Trésor public malien a multiplié les émissions :
- 38,2 milliards FCFA mobilisés fin mai 2025,
- 30,53 milliards FCFA levés le 11 juin 2025,
- 27,27 milliards FCFA le 25 juin 2025,
- 43,99 milliards FCFA le 9 juillet 2025.
Ces montants témoignent d’un appétit soutenu des investisseurs régionaux, avec des taux de couverture atteignant parfois 150 %.
Des maturités plus longues pour séduire les investisseurs
Pour renforcer la confiance et sécuriser des ressources plus stables, le Mali privilégie des obligations à 3, 5 et jusqu’à 7 ans, rémunérées entre 6,15 % et 6,55 %. Cette maturité plus longue constitue un changement stratégique par rapport aux Bons du Trésor à court terme, traditionnellement utilisés.
Selon les données d’UMOA-Titres, la souscription est portée par une base régionale solide, avec des investisseurs sénégalais, ivoiriens et maliens en première ligne. Cette adhésion illustre la confiance relative des marchés malgré un contexte géopolitique et économique contraint.
Un financement vital mais qui alourdit la dette publique
Si cette stratégie permet de maintenir la liquidité de l’État, elle s’accompagne de risques budgétaires. La dette publique malienne dépasse déjà 6 800 milliards FCFA, dont plus de la moitié est domestique. Les charges d’intérêts deviennent de plus en plus lourdes : rien qu’en juillet 2025, 27,8 milliards FCFA ont été remboursés pour une seule émission de 2019.
Des économistes, comme l’ancien Premier ministre Moussa Mara, alertent sur une spirale d’endettement qui pourrait à terme peser davantage que la masse salariale des fonctionnaires, fragilisant la soutenabilité des finances publiques.
Confiance régionale, dépendance croissante
La dynamique positive des souscriptions confirme la crédibilité financière de Bamako au sein de l’UEMOA. Mais elle interroge sur la dépendance accrue aux emprunts internes, à un moment où les financements extérieurs se raréfient.
Le succès ou l’échec des futures émissions, notamment celles de 100 milliards FCFA prévues avant le 8 août 2025, sera un signal fort pour mesurer la confiance des investisseurs dans la trajectoire financière du pays.
La Rédaction