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UMOA : Dakar lève 99 milliards FCFA et franchit le cap des 2 000 milliards de dettes en 2025.

Le Sénégal continue d’occuper le devant de la scène sur le marché régional des titres publics. En levant près de 99 milliards FCFA lors de sa dernière opération sur le marché de l’UMOA, Dakar dépasse désormais les 2 000 milliards FCFA mobilisés en 2025. Une performance qui illustre à la fois la confiance des investisseurs… et l’ampleur de l’endettement du pays.


Une opération réussie sur UMOA-Titres

Le 14 novembre 2025, le Trésor sénégalais a sollicité les investisseurs du marché régional à travers une émission simultanée de :

  • Bons Assimilables du Trésor (BAT) à 364 jours,
  • et Obligations Assimilables du Trésor (OAT) à 3 et 5 ans.

Objectif affiché : 99 milliards FCFA.
Résultat : une demande totale d’environ 100,2 milliards FCFA, soit un taux de couverture d’environ 111 %.

Le Trésor a finalement retenu 98,99 milliards FCFA, soit l’essentiel des offres, confirmant l’appétit intact des investisseurs régionaux pour la signature sénégalaise.

Dans le détail, la structure de la levée montre une préférence marquée pour le moyen terme :

  • OAT 3 ans : environ 72,8 milliards FCFA,
  • BAT 364 jours : près de 24,7 milliards FCFA,
  • OAT 5 ans : environ 1,43 milliard FCFA.

Le cap symbolique des 2 000 milliards FCFA franchi

Avec cette opération, le Sénégal porte à environ 2 043 milliards FCFA le cumul des montants levés en 2025 sur le marché régional de l’UMOA.

Ce seuil, plus politique que technique, traduit deux réalités :

  1. Un recours intensif au marché intérieur et régional
    Dakar utilise largement les émissions de titres pour financer son budget, refinancer ses échéances et gérer ses besoins de trésorerie.
  2. Une dépendance croissante à la dette
    Le montant levé en une seule année souligne le poids grandissant de la dette publique, dans un contexte de resserrement global des conditions financières.

Un marché qui continue de faire confiance… pour l’instant

Cette nouvelle levée intervient alors que le Sénégal se trouve sous les projecteurs des agences de notation.
L’agence S&P a récemment abaissé la note souveraine du pays à “CCC+”, évoquant une hausse des risques sur sa capacité de paiement.

Pourtant, les investisseurs régionaux ont répondu présents. La sursouscription de l’opération et la forte demande sur les OAT à 3 ans prouvent que, malgré les alertes, le marché ne tourne pas le dos à Dakar.

Cette confiance s’explique en partie par :

  • la profondeur relative du marché UMOA,
  • le poids du Sénégal dans la région,
  • et la perception qu’une défaillance serait politiquement et financièrement très coûteuse pour toutes les parties.

Une stratégie assumée : s’endetter tout en rassurant

Cette levée de 99 milliards FCFA n’est pas un simple épisode technique. Elle intervient dans un contexte où le gouvernement sénégalais multiplie les signaux de rassurance sur sa dette.

Les autorités ont récemment :

  • exclu tout scénario de restructuration,
  • réaffirmé leur volonté “d’honorer toutes les échéances”,
  • mis en avant une “gestion proactive des passifs”,
  • et renforcé la transparence sur les chiffres de la dette.

Autrement dit : Dakar reconnaît l’ampleur de sa dette, mais fait le pari qu’il peut continuer à la refinancer et la gérer, à condition de maintenir la confiance des investisseurs.


Entre opportunité et risque : la ligne de crête

Le passage au-dessus des 2 000 milliards FCFA de dettes levées en 2025 pose une question simple : jusqu’où ?

Bien utilisée, cette dette peut servir à :

  • financer des projets structurants,
  • soutenir la croissance,
  • et améliorer à terme les recettes de l’État.

Mal maîtrisée, elle peut :

  • alourdir le service de la dette,
  • fragiliser le budget,
  • et rapprocher le pays d’une zone de tension financière.

Le Sénégal joue donc une partie serrée : il s’endette massivement, tout en misant sur sa capacité à convaincre les marchés, le FMI et ses partenaires qu’il reste un emprunteur fiable.


En levant 99 milliards FCFA de plus et en franchissant la barre des 2 000 milliards mobilisés en 2025, Dakar envoie un message double :
aux marchés, il dit : « Je paie et je continue » ;
À son opinion publique, il laisse comprendre que le pari de la dette est engagé, et qu’il n’y aura pas de marche arrière facile.

Reste une certitude : dans l’UMOA comme ailleurs, la confiance se mesure au rythme des adjudications. Et, pour l’instant, le Sénégal tient encore la cadence.

La Rédaction

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