L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) enregistre un tournant marquant dans sa dynamique financière extérieure. Selon les dernières données de la BCEAO relayées par Sika Finance, les avoirs extérieurs nets (AEN) ont atteint 7 468,5 milliards FCFA à fin avril 2025, contre 2 045,7 milliards FCFA un an plus tôt. Soit un bond historique de +265 %, soit +5 422,8 milliards FCFA.

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Que sont les avoirs extérieurs nets ?

Les avoirs extérieurs nets représentent la différence entre les actifs en devises détenus par les banques (centrales et commerciales) vis-à-vis de l’extérieur (or, devises, placements) et leurs engagements internationaux. Cet indicateur reflète la position financière nette de l’Union à l’égard du reste du monde.

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Pourquoi cette hausse exceptionnelle ?

La progression remarquable des AEN s’explique par plusieurs facteurs favorables :

• Hausse des exportations : or, cacao et coton ont bénéficié de prix mondiaux élevés, générant d’importantes entrées de devises.
• Reprise des financements extérieurs : flux d’aides budgétaires, prêts multilatéraux et IDE ont été significatifs.
• Réduction des sorties de capitaux, grâce à une gestion rigoureuse du change et à certaines restrictions temporaires sur les paiements internationaux.

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Incidence sur la masse monétaire

L’accroissement des réserves se traduit mécaniquement par une hausse de la masse monétaire (M2), qui a atteint 53 527,3 milliards FCFA à fin avril 2025, soit une croissance annuelle de +14,6 %.

Cette augmentation est portée par :

• une hausse de 17,1 % de la circulation fiduciaire, atteignant 12 829 milliards FCFA ;
• une augmentation de 13,8 % des dépôts bancaires, évalués à 40 698,3 milliards FCFA.

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Créances intérieures : croissance mesurée

Les créances intérieures, c’est-à-dire les crédits accordés par le système bancaire à l’économie et aux États, progressent de manière plus modérée :

• +7,9 % sur un an, à 61 734,6 milliards FCFA.
• Créances nettes sur les administrations publiques : +12,3 %, à 26 052,5 milliards FCFA.
• Créances sur l’économie privée : +5 %, à 35 682 milliards FCFA.

Ces données traduisent à la fois des besoins budgétaires publics accrus et un redémarrage progressif du crédit au secteur privé.

Les chiffres clés à retenir

• Avoirs extérieurs nets :
  Avril 2024 → Avril 2025 :
  2 045,7 Mds FCFA → 7 468,5 Mds FCFA (+265 %)
• Masse monétaire M2 :
  +14,6 % → 53 527,3 Mds FCFA
  → Circulation fiduciaire : +17,1 % à 12 829 Mds
  → Dépôts bancaires : +13,8 % à 40 698,3 Mds
• Créances intérieures :
  → +7,9 % à 61 734,6 Mds FCFA
  → Sur l’État : +12,3 % à 26 052,5 Mds
  → Sur l’économie : +5 % à 35 682 Mds

Enjeux et prudence monétaire

Ce niveau record des AEN est positif pour la solvabilité extérieure de l’Union et offre une marge de manœuvre accrue au secteur bancaire. Toutefois, l’augmentation rapide de la masse monétaire appelle à la vigilance : si elle n’est pas accompagnée par une hausse équivalente de la production, elle pourrait générer des tensions inflationnistes.

La BCEAO devra donc adapter ses instruments de politique monétaire (taux directeur, réserves obligatoires) afin de préserver la stabilité des prix.

La Rédaction