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Sénégal : Les eurobonds s’effondrent après le refus de Sonko de restructurer la dette.

Les marchés sanctionnent le discours de fermeté du Premier ministre sénégalais.

Les investisseurs internationaux ont réagi avec nervosité cette semaine après la décision du Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, de rejeter toute idée de restructuration de la dette du pays. Le ton direct et sans détour du chef du gouvernement a fait plonger les eurobonds sénégalais à leurs plus bas niveaux de l’année, signe d’une méfiance accrue des marchés envers Dakar.


Un refus catégorique face au FMI

« Une restructuration de la dette serait une honte pour notre pays », a lancé Ousmane Sonko devant la presse à Dakar, le 8 novembre 2025. Cette déclaration, en réponse aux recommandations du Fonds monétaire international (FMI), a immédiatement secoué les marchés.
Selon les données compilées par Reuters et Financial Times, les euro-obligations sénégalaises libellées en dollars et en euros ont chuté de plus de 4 %, portant les rendements à plus de 16 %, un niveau inquiétant pour un pays jusque-là considéré comme un bon élève de la zone UEMOA.


Un contexte budgétaire tendu

Le Sénégal fait face à une dette publique estimée à près de 130 % du PIB, alourdie par la révélation de dettes cachées contractées sous le précédent régime. Ces irrégularités ont provoqué la suspension temporaire du programme de prêt du FMI, en attente d’un audit complet.
Dans ce climat d’incertitude, la décision du gouvernement de ne pas restructurer donc de ne pas renégocier les échéances a été interprétée comme un pari risqué. « Les investisseurs craignent une dégradation de la capacité du Sénégal à honorer ses engagements, surtout si les taux mondiaux restent élevés », analyse un économiste basé à Abidjan.


Des signaux contradictoires aux bailleurs

Le gouvernement Sonko affirme vouloir maintenir la souveraineté financière du pays et éviter d’être « mis sous tutelle » par les institutions internationales. En parallèle, les autorités ont lancé une série de mesures sociales et économiques ambitieuses, dont la baisse des prix de l’énergie et des subventions ciblées, pesant davantage sur le budget.
Le FMI, de son côté, rappelle qu’une restructuration peut être « préventive » et viser à redonner de l’air à un État endetté. Pour l’heure, les discussions se poursuivent en coulisses, et aucun nouvel accord n’a encore été finalisé.


Entre fierté nationale et réalités du marché

En affichant son refus de plier face aux injonctions extérieures, Sonko cherche à rassurer une opinion publique attachée à l’indépendance économique du pays. Mais sur les marchés, le message passe mal : les eurobonds restent volatils, et les analystes redoutent un renchérissement du coût du financement extérieur pour Dakar.
L’avenir dira si la stratégie de fermeté du Premier ministre sera saluée comme un acte de souveraineté… ou perçue comme un risque politique de trop.


Au-delà des chiffres et des courbes, cette crise révèle une bataille d’influence : entre la rigueur des institutions financières et la volonté d’émancipation d’un gouvernement jeune et offensif. Dans ce bras de fer, c’est le marché qui a dégainé le premier.

La Rédaction

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