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Sénégal : Les eurobonds reculent encore, la dégradation de S&P ravive les doutes du marché.

Les marchés obligataires tournent rarement autour du pot.


Depuis la nouvelle dégradation de la note souveraine du Sénégal par l’agence S&P Global Ratings, les eurobonds du pays reculent de nouveau sur le marché secondaire.
Ce mouvement confirme que Dakar évolue désormais dans une zone de risque élevé, où chaque signal négatif se traduit immédiatement dans le prix de sa dette.


Une note abaissée à CCC+ : le risque de défaut devient “substantiel”

Le 14 novembre 2025, S&P a abaissé la note du Sénégal en devises étrangères de B- à CCC+.
Dans la nomenclature de l’agence, ce niveau signifie que le risque de défaut est jugé “substantiel”.

Les arguments de S&P sont clairs :

  • Finances publiques sous forte pression
  • Endettement élevé, avec une dynamique jugée préoccupante
  • Besoins de refinancement importants à court terme, notamment sur la dette commerciale et les eurobonds dont des échéances tombent en 2026

Cette décision s’inscrit dans une séquence déjà négative.
Le Sénégal avait déjà vu sa note abaissée plus tôt dans l’année, avec une perspective jugée fragile. La nouvelle dégradation acte le basculement du pays dans la catégorie des signatures les plus risquées de la région aux yeux des marchés.


Eurobonds en repli : le marché renchérit la prime de risque

La réaction ne s’est pas fait attendre.

Selon les données compilées par Sika Finance, les eurobonds sénégalais ont de nouveau cédé du terrain après l’annonce de S&P.

Un exemple illustre l’ampleur du mouvement :

  • l’eurobond 2031 se négocie désormais autour de 66,5 cents pour 1 dollar de valeur faciale
  • soit une baisse d’environ 10 cents par rapport au début de la semaine

Concrètement, plus le prix de ces obligations baisse, plus le rendement exigé par les investisseurs grimpe.
Le message est limpide :
Pour continuer à prêter au Sénégal, le marché demande une prime de risque très élevée.


2026, année charnière pour la dette sénégalaise

Au cœur des inquiétudes figure le calendrier des prochaines années.

  • Le pays doit faire face à des échéances importantes en 2026, notamment sur ses eurobonds.
  • Parallèlement, Dakar a multiplié ses recours au marché régional via UMOA-Titres, ainsi qu’aux financements domestiques, pour couvrir ses besoins budgétaires.

Pour S&P, le risque ne tient plus seulement au niveau de la dette, mais à la capacité du Sénégal à refinancer ses engagements dans de bonnes conditions.
L’agence évoque sans détour une situation où le pays pourrait être contraint de recourir à des solutions exceptionnelles si l’accès aux marchés se détériore davantage.

Dans ce contexte, chaque nouvelle séance sur les eurobonds devient un test de confiance.


Dakar veut rassurer, les marchés demandent des preuves

Les autorités sénégalaises, elles, s’emploient à rassurer.

Le gouvernement met en avant :

  • les perspectives de croissance à moyen terme,
  • les projets gaziers et pétroliers censés améliorer les recettes extérieures,
  • et la volonté affichée d’honorer toutes les échéances de dette.

Dans le même temps, Dakar continue de lever des montants importants sur le marché régional via UMOA-Titres, avec un certain succès auprès des investisseurs de la zone.

Mais le contraste est de plus en plus marqué :

  • d’un côté, un discours officiel qui insiste sur la maîtrise de la situation ;
  • de l’autre, des agences de notation et des investisseurs qui classent désormais le Sénégal en zone de très haut risque.

La crédibilité budgétaire ne se joue plus uniquement à Dakar ou à l’Assemblée nationale.
Elle se lit désormais chaque jour dans les prix des eurobonds.


Un symptôme d’un malaise plus large sur la dette africaine

Le cas sénégalais s’inscrit dans un mouvement plus général.

Depuis la remontée des taux mondiaux, plusieurs émetteurs africains subissent :

  • un resserrement drastique des conditions de financement,
  • une hausse marquée des primes de risque,
  • et parfois une fermeture quasi complète de l’accès aux marchés internationaux en devises.

Dans ce contexte, les titres sénégalais jouent presque le rôle de baromètre de la perception du risque souverain africain :
Quand des obligations d’un pays jugé relativement stable il y a quelques années se traitent autour de 60–70 cents pour un dollar, le signal envoyé au reste du continent est clair.


Quand la dette devient un test permanent de crédibilité

La nouvelle chute des eurobonds sénégalais après la décision de S&P ne raconte pas seulement une histoire de prix et de spreads.
Elle rappelle une réalité brutale :
À ce niveau de notation, la marge d’erreur budgétaire n’est quasi nulle.

Dakar affirme qu’il tiendra ses engagements et mise sur ses futurs revenus gaziers pour retrouver de l’air.
Les marchés, eux, ne se contenteront plus de promesses.
Ils attendent des ajustements concrets, des trajectoires crédibles et des signaux forts sur la gestion de la dette.

Entre la communication politique et la lecture froide des courbes de prix, c’est désormais la crédibilité financière du Sénégal qui se joue, séance après séance, sur les écrans des investisseurs.

La Rédaction

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