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Mali : Le Trésor mobilise 37,6 milliards FCFA sur le marché régional, entre succès et défis.

Une nouvelle opération de levée de fonds sur le marché régional de l’UEMOA illustre les besoins croissants de financement de l’État malien, mais aussi les contraintes d’un contexte économique et sécuritaire tendu.


Un emprunt indispensable pour financer le budget

Le 1ᵉʳ octobre 2025, le Trésor public du Mali a procédé à une adjudication de Bons et Obligations Assimilables du Trésor (BAT et OAT) pour un montant initial de 40 milliards FCFA. À l’issue de l’opération, ce sont 37,6 milliards FCFA qui ont effectivement été mobilisés, soit un taux d’absorption de 92,24 %.

Cette opération s’inscrit dans la stratégie classique de financement des États de l’UEMOA, qui recourent régulièrement au marché régional des titres publics pour compléter leurs budgets face aux besoins de trésorerie croissants et à des déficits persistants.


Le marché des titres publics, une bouffée d’oxygène

Dans un contexte marqué par :

  • un déficit budgétaire estimé à près de 4 % du PIB en 2025 selon les projections régionales,
  • une pression sur les dépenses liées à la sécurité et aux services sociaux de base,
  • et une économie encore fragile face aux chocs extérieurs (hausse des prix des denrées, coûts énergétiques, instabilité régionale),

Le recours à ce type de financement apparaît comme une nécessité pour Bamako. Il s’agit de ressources internes mobilisées directement auprès des investisseurs de l’Union (banques, institutions financières, compagnies d’assurance), ce qui permet au pays de limiter sa dépendance vis-à-vis de financements extérieurs plus incertains.


Un succès mitigé selon les maturités

L’adjudication du 1ᵉʳ octobre a proposé quatre instruments :

  • BAT à 364 jours : 16,5 milliards mobilisés avec un rendement de 7,63 %.
  • OAT à 3 ans : 11,1 milliards mobilisés, rendement de 9,19 %.
  • OAT à 5 ans : 10 milliards mobilisés, intégralement absorbés, rendement de 7,85 %.
  • OAT à 7 ans : aucune souscription.

Ces résultats traduisent une préférence nette des investisseurs pour le court et moyen terme, signe qu’ils sont disposés à financer le Mali, mais avec prudence et en évitant les horizons trop longs.


Une confiance régionale mais mesurée

L’opération a attiré une participation variée des investisseurs de l’UEMOA :

  • Le Mali lui-même, à travers ses institutions financières, a souscrit pour plus de 10 milliards FCFA.
  • Le Togo s’est positionné fortement avec 10 milliards sur l’OAT 5 ans.
  • La Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau et le Sénégal ont également pris part, confirmant l’importance de la solidarité financière régionale.

Le taux de couverture global (101,98 %) indique que la demande a légèrement dépassé l’offre, mais l’absence totale de souscriptions sur les 7 ans illustre une prudence des marchés sur le long terme, liée aux incertitudes macroéconomiques et sécuritaires du pays.


Un coût croissant pour l’État

Si l’opération est un succès en termes de mobilisation, elle confirme aussi une tendance préoccupante : le coût de l’endettement augmente. Les rendements dépassent 7 % sur toutes les maturités, et frôlent 9 % sur les 3 ans.

Cela signifie que pour chaque emprunt, le Mali devra consacrer une part croissante de ses recettes futures au remboursement des intérêts. Cette dynamique accroît la vulnérabilité budgétaire, surtout si les déficits persistent.


Quelle perspective pour Bamako ?

Le Mali, comme plusieurs autres États de l’UEMOA, se trouve dans une situation où le financement par les marchés régionaux est à la fois un outil indispensable et une source de contraintes.

  • Indispensable, car il permet de lever rapidement des fonds pour payer salaires, subventions et programmes sociaux.
  • Contraignant, car la hausse des taux et la réticence des investisseurs à long terme pèsent sur la soutenabilité de la dette.

Pour l’avenir, la capacité du Mali à rassurer les investisseurs passera par :

  1. Une meilleure maîtrise des déficits publics,
  2. Une gestion rigoureuse de la dette,
  3. Un climat de stabilité politique et sécuritaire, essentiel pour attirer des financements à long terme.

Le Mali a levé 37,6 milliards FCFA sur le marché régional, confirmant sa capacité à trouver des financements internes malgré un contexte difficile. Si les investisseurs répondent encore présents, leur prudence face aux maturités longues envoie un message clair : la confiance existe, mais elle doit être consolidée par des réformes budgétaires et une amélioration de l’environnement économique et sécuritaire.

La Rédaction

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