
Le yuan à la conquête des pays émergents : Une alternative crédible au dollar.
Alors que la domination du dollar reste incontestable dans les échanges et financements internationaux, une autre monnaie commence à séduire les pays en développement : le yuan chinois. Grâce à des coûts de financement plus compétitifs et à l’influence grandissante de la Chine dans le commerce mondial, la devise asiatique s’impose peu à peu comme une alternative crédible.
Des émissions obligataires en forte hausse
Depuis le début de l’année 2025, les émissions obligataires libellées en yuan en dehors de la Chine connaissent une progression spectaculaire. Selon Bloomberg, elles ont déjà dépassé 15 milliards de yuans (soit 2,1 milliards de dollars), contre seulement 3,5 milliards sur la même période en 2024. Un record qui illustre l’intérêt croissant des États et entreprises pour cette voie de financement.
Une question de coût… et de survie budgétaire
Le principal avantage du yuan est son faible coût. Les obligations émises dans cette monnaie affichent un rendement moyen autour de 2,4 %, soit deux fois moins que les émissions en dollars.
Pour des pays confrontés à une pression budgétaire aiguë, cette différence est cruciale. Au Kenya, par exemple, les autorités estiment qu’un basculement partiel de la dette du dollar vers le yuan permettrait de réduire les taux d’intérêt de moitié — un véritable bol d’oxygène pour des finances publiques asphyxiées.
Une décision qui dépasse la finance
Au-delà de l’économie, l’adoption croissante du yuan traduit un choix géopolitique. Les pays en développement, de plus en plus liés à la Chine par le commerce et les investissements, cherchent à s’émanciper de la dépendance au dollar et, par ricochet, de l’influence américaine.
En diversifiant leurs financements, ces pays gagnent en marge de manœuvre et réduisent leur vulnérabilité aux fluctuations du billet vert ou aux politiques monétaires de Washington.
Le dollar reste roi, mais la tendance est là
Bien sûr, le chemin est encore long. Depuis janvier 2025, les pays émergents ont levé près de 344 milliards de dollars en obligations libellées dans la monnaie américaine — preuve que la profondeur et la liquidité du marché du dollar demeurent sans équivalent.
Mais pour Mihaly Varga, gouverneur de la banque centrale hongroise, l’évolution est structurelle :
« Bien que cette transition soit encore de long terme, la diversification du système financier mondial a déjà commencé. »
Une nouvelle ère financière en gestation
Le yuan ne détrônera pas le dollar du jour au lendemain. Mais son essor illustre un basculement plus large : dans un monde multipolaire, la finance internationale s’ouvre à d’autres équilibres. Pour les pays en développement, c’est l’opportunité de trouver des financements moins coûteux et de bâtir une souveraineté financière plus résiliente.
Un signal clair : dans l’arène monétaire mondiale, le duel n’est plus solitaire. Le dollar a désormais un concurrent qui avance pas à pas, mais sûrement.
La Rédaction