BRVM : Une dynamique régionale qui attire les investisseurs malgré un contexte mondial incertain.
Au premier semestre 2025, la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) d’Abidjan a confirmé sa vitalité avec une envolée de près de 20 % de sa capitalisation boursière. Si l’on ne peut pas parler de “records mondiaux”, la performance est tout de même remarquable à l’échelle du continent.
Une bourse régionale qui s’impose pas à pas
Entre janvier et juin 2025, la capitalisation boursière de la BRVM — qui regroupe huit pays de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) — a grimpé de 10 070 à 12 070 milliards FCFA, soit une hausse de près de 2 000 milliards (+19,76 %), selon les données du Trésor ivoirien.
L’indice BRVM Composite, qui reflète la performance globale du marché, a également bondi de 12 % sur la période, un résultat supérieur à celui de plusieurs marchés émergents d’Asie et d’Amérique latine.
Ces chiffres témoignent d’un retour marqué de la confiance des investisseurs dans la région. Dans un contexte où les grandes places mondiales comme New York ou Londres subissent la volatilité des taux et des tensions géopolitiques, la BRVM offre une image de stabilité et de rendement durable.
Des rendements en hausse et des fonds plus visibles
D’après CGF Bourse, le taux de rendement moyen des actions cotées sur la BRVM s’est établi à 7,95 % début avril 2025, soit le double de la moyenne mondiale sur les marchés émergents à la même période.
Les investisseurs régionaux — notamment les institutionnels ouest-africains et les fonds de pension — ont renforcé leurs positions dans les titres phares comme SONATEL, BOA Côte d’Ivoire ou NSIA Banque.
Cette montée en puissance attire aussi des fonds étrangers spécialisés dans les marchés frontières (“frontier markets”). Même si la taille du marché reste modeste à l’échelle mondiale, les performances réalisées confortent la BRVM dans sa mission : offrir un espace de financement africain solide, transparent et attractif.
Un engouement régional plus que mondial
Soyons clairs : les “records mondiaux” restent du domaine du symbolique.
Aucune donnée officielle ne place les fonds de la BRVM en tête des performances mondiales.
Mais dans la sphère africaine, la bourse d’Abidjan joue un rôle de pionnier, enregistrant une progression plus rapide que la moyenne des marchés subsahariens.
Les réformes réglementaires menées depuis 2023, la modernisation des outils numériques et la montée de la finance durable ont permis d’accroître la visibilité du marché régional auprès des investisseurs internationaux.
Les défis à venir : liquidité et diversification
Malgré ces performances, le marché fait face à deux défis majeurs :
- La faible liquidité — les volumes d’échanges quotidiens restent limités par rapport aux grandes bourses africaines comme Johannesburg ou Casablanca.
- Le manque de diversification sectorielle — la BRVM reste dominée par le secteur bancaire et les télécommunications.
Pour maintenir son attractivité, la place d’Abidjan devra favoriser l’entrée en bourse de nouvelles entreprises dans les secteurs de l’énergie, de l’agro-industrie ou du numérique, tout en encourageant la création de fonds indiciels et d’instruments dérivés.
À l’heure où les grandes bourses mondiales tanguent, la BRVM prouve qu’elle peut rester debout. Sans battre des records planétaires, elle bâtit les siens — ceux de la résilience, de la transparence et d’une ambition africaine qui s’affirme, pas à pas, sur les marchés financiers internationaux.
La Rédaction



