BRVM : Léger repli du marché, les investisseurs se repositionnent sur le bancaire.
La séance du 21 novembre 2025 à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) s’est soldée par un léger repli des indices, dans un contexte de prise de bénéfices sur plusieurs valeurs vedettes. En arrière-plan, une tendance se confirme : une rotation progressive des capitaux vers le secteur bancaire, devenu le refuge privilégié des investisseurs à la recherche de solidité et de perspectives bénéficiaires plus lisibles.
Un marché qui souffle après plusieurs séances de hausse
Selon les données de la BRVM et l’analyse de la séance relayée notamment par Sikafinance, le marché a enregistré un reflux limité du principal indice global, traduisant davantage une phase de consolidation qu’un retournement de tendance.
Les volumes échangés restent soutenus, signe que la liquidité demeure présente, mais les flux se déplacent plus sélectivement :
- certaines valeurs ayant beaucoup progressé ces dernières semaines ont subi des prises de bénéfices,
- tandis que d’autres titres, jugés plus défensifs ou sous-valorisés, ont bénéficié de rachats ciblés.
C’est dans ce mouvement que le secteur bancaire s’est imposé comme le principal point de chute des capitaux.
Rotation sectorielle : du tout-venant vers le bancaire
D’après les analystes interrogés par la presse financière, la séance illustre une rotation sectorielle déjà visible ces derniers temps :
- les investisseurs réduisent leur exposition sur des segments plus volatils (distribution, industrie, parfois télécoms),
- pour renforcer leurs positions sur les banques cotées, qui affichent globalement de bons fondamentaux et des perspectives bénéficiaires plus lisibles dans le contexte actuel de l’UEMOA.
Les valeurs bancaires à l’image de NSIA Banque Côte d’Ivoire, BOA, SIB, BICICI ou encore Oragroup, selon les séances, figurent régulièrement parmi les titres les plus recherchés lorsque le marché global marque une pause.
Plusieurs facteurs expliquent cette appétence :
- une croissance soutenue des bilans bancaires, portée par la dynamique des économies de l’Union ;
- des résultats semestriels et trimestriels généralement bien orientés, avec des hausses de bénéfices à deux chiffres pour plusieurs établissements ;
- une politique de distribution de dividendes qui reste attractive pour les investisseurs de rendement.
Même lorsque l’indice composite se replie légèrement, ces valeurs bancaires peuvent limiter la casse, voire tirer l’indice sectoriel vers le haut.
Contexte macroéconomique porteur pour les banques de l’UEMOA
La préférence actuelle du marché pour le secteur bancaire s’inscrit dans un environnement macroéconomique plutôt favorable. D’après les dernières projections de la BCEAO et de la Commission de l’UEMOA, la région devrait afficher une croissance robuste, soutenue par :
- la reprise post-crises successives (sanitaire, sécuritaire, géopolitique),
- la résilience des secteurs exportateurs (agro-industrie, mines, services),
- et une montée graduelle des investissements publics et privés.
Dans ce contexte, les banques profitent :
- d’un volume de crédits en expansion,
- d’un élargissement de la base clientèle,
- et d’une meilleure bancarisation des économies de l’Union.
Certes, les risques demeurent – notamment sur la qualité des portefeuilles et la hausse du coût du risque dans certains pays – mais, comparativement à d’autres secteurs cotés, les bancaires offrent un profil rendement/risque jugé plus équilibré.
Des arbitrages dictés par la recherche de visibilité
Le léger repli du marché observé à cette séance peut aussi être lu comme une recherche de visibilité :
- d’un côté, certains investisseurs prennent leurs bénéfices sur des valeurs qui ont fortement performé depuis le début de l’année ;
- de l’autre, ils se replient sur des titres dont les modèles économiques sont mieux compris, disposant d’un historique de résultats, d’indicateurs prudentiels surveillés par les régulateurs et d’une communication financière plus structurée.
Les banques cotées répondent à ces critères : publication régulière, meetings investisseurs, présence dans les indices phares (BRVM 30, BRVM Composite, indices sectoriels), ce qui facilite leur analyse par les gérants et les particuliers avertis.
Un mouvement qui pourrait se prolonger
Si ce type de séance ne fait pas la une par l’ampleur de la variation des indices, il est riche d’enseignements pour la suite :
- Tant que l’environnement macroéconomique de l’UEMOA reste porteur, il est probable que le secteur bancaire reste le cœur de portefeuille pour de nombreux investisseurs.
- Les autres secteurs (distribution, industrie, transport, services) continueront de susciter des coups d’éclat, mais avec une volatilité plus marquée.
- Le marché pourrait alterner entre phases de prise de bénéfices et repositionnement sur les bancaires à mesure que seront publiés les résultats annuels et les annonces de dividendes.
Pour les gérants comme pour les particuliers, l’enjeu sera de ne pas surconcentrer les portefeuilles : le bancaire apparaît actuellement comme un refuge, mais la diversification sectorielle reste essentielle pour gérer les chocs spécifiques à ce segment.
Ce 21 novembre 2025, la BRVM n’a pas tremblé, elle a simplement pris une respiration. Les indices ont légèrement reculé, mais les capitaux, eux, n’ont pas quitté la place : ils se sont déplacés vers le secteur bancaire, devenu le point d’ancrage d’un marché en quête de visibilité. Un rappel que, même dans les phases de calme relatif, la bourse reste avant tout une histoire de rotation des flux et de confiance différenciée entre secteurs.
La Rédaction



