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Bénin : Les eurobonds sanctionnés après la tentative de coup d’État, puis reprise timide des prix.

Les marchés internationaux n’ont guère pris de gants lundi matin. Quelques heures à peine après l’annonce d’une tentative de coup d’État à Cotonou, les investisseurs ont immédiatement ajusté leur exposition au risque béninois. Résultat : une chute brutale des eurobonds en début de séance, avant un léger redressement au fil de la journée.


Un décrochage quasi instantané sur les marchés

D’après les données compilées par Tradeweb et rapportées par Reuters, le titre obligataire international du Bénin à échéance 2052 a reculé jusqu’à 1,8 centime, tombant à 88,04 centimes d’euro. Une réaction en ligne avec la perception de risque politique qui guide habituellement les investisseurs sur les marchés africains.

Même tendance du côté des titres libellés en dollars, qui ont également cédé environ 1,5 centime face au billet vert.

Concrètement, cette baisse signifie qu’il fallait moins de capital pour acheter les mêmes obligations, ce qui reflète une montée du risque perçu.


Le risque politique, juge suprême de la dette africaine

Il ne faut pas se voiler la face : la dette souveraine africaine est jugée d’abord sous l’angle politique. L’annonce d’une tentative de putsch suffit pour déclencher un vent de défiance immédiat, surtout lorsqu’aucune certitude institutionnelle n’est encore confirmée.

Mais signe encourageant : au fur et à mesure que la journée avançait, les prix ont partiellement corrigé leurs pertes. Selon Zonebourse, sur les maturités les plus courtes, le recul était même limité à environ un centime, preuve que les investisseurs ne considèrent pas ce choc comme durable au moins pour le moment.


Pas de panique, mais une prudence assumée

Le message est clair : on est loin d’une liquidation massive, mais le signal envoyé au Bénin est on ne peut plus direct. Dans les marchés obligataires, le moindre stress politique peut suffire à renchérir le coût futur de l’endettement ou à retarder certaines sorties prévues sur les places internationales.

Dans ce contexte, la stabilité gouvernementale et la communication officielle seront déterminantes dans les prochains jours, notamment pour rassurer les investisseurs qui ont massivement acheté la dette béninoise ces dernières années.


Ce que cela signifie pour la suite

Ce décrochage montre deux choses :

  • le risque politique reste un facteur dominant
  • les investisseurs ne quittent pas le navire, mais gardent la main sur les boutons

Une reprise durable dépendra du récit politique dans les prochains jours, et de la capacité du pays à démontrer que la transition institutionnelle reste sous contrôle.

En clair : le marché a sanctionné, mais pas condamné.


Au final, l’épisode rappelle une règle malheureusement constante en Afrique de l’Ouest : une bonne signature financière peut s’effriter en quelques heures, dès que la stabilité nationale vacille. Il appartient désormais aux autorités béninoises de reprendre la main, non seulement sur le plan sécuritaire, mais surtout dans la narration de la continuité politique. Dans un marché hypersensible, même quelques mots bien choisis peuvent valoir autant qu’un milliard d’eurobonds.

La Rédaction

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