Dans un contexte où les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) peinent à accéder au crédit, une opération de titrisation innovante vient bousculer les habitudes dans la région UEMOA. Pour la première fois, une émission obligataire adossée à des actifs issus de plusieurs pays et de plusieurs établissements prêteurs voit le jour, avec un objectif clair : financer les MPME au Bénin, au Sénégal et au Togo.

Cette opération, d’un montant total de 52 milliards FCFA, repose sur un partenariat inédit entre NSIA Banque Bénin, la Société financière internationale (IFC), la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et British International Investment (BII) – l’institution de développement du Royaume-Uni.

Un montage financier ambitieux et ciblé

Derrière ce mécanisme technique se cache un outil structuré par Keur Samba, le véhicule de titrisation mis en place par la BOAD. L’originalité du projet réside dans son caractère multi-pays (trois pays ciblés) et multi-originateurs, une première dans la zone.

L’émission, qui a séduit de nombreux investisseurs régionaux, a été sursouscrite à 115 %, témoignant de la confiance croissante envers les instruments de marché locaux. Une partie des fonds est fléchée vers des objectifs bien précis : 25 % seront alloués à des entreprises dirigées par des femmes, et 10 % seront consacrés au financement climatique, deux axes prioritaires pour les bailleurs.

Un tournant pour les marchés de capitaux de l’UEMOA

Avec cette transaction, la BOAD confirme sa volonté de positionner la titrisation comme un levier majeur de financement à long terme en monnaie locale. Le programme Keur Samba, dont c’est ici la troisième opération après deux émissions en Côte d’Ivoire, s’affirme comme une plateforme régionale incontournable.

L’initiative bénéficie également de l’appui du programme J-CAP, mis en œuvre par le Groupe de la Banque mondiale, qui accompagne les réformes nécessaires à la mise en place d’un marché de la titrisation efficace dans l’UEMOA.

Un signal fort pour l’innovation financière en Afrique de l’Ouest

Pour les entreprises de la région, notamment les MPME, ce type d’outil représente une bouffée d’oxygène. En permettant aux banques de refinancer leurs portefeuilles de prêts, la titrisation libère des ressources nouvelles pour financer l’économie réelle, tout en respectant les exigences prudentielles.

« Cette transaction pionnière démontre la capacité de l’Afrique de l’Ouest à structurer des solutions financières complexes et adaptées à ses réalités économiques », résume Ethiopis Tafara, vice-président de l’IFC.

Avec cette avancée, l’UEMOA s’équipe d’un outil moderne pour répondre aux défis du financement inclusif, à un moment où l’intégration économique régionale cherche de nouveaux moteurs.

La Rédaction