35,72 milliards FCFA : Le pari réussi du Sénégal sur le marché régional.
L’État du Sénégal vient de marquer des points sur le marché des titres publics de UMOA‑Titres : dans le cadre d’une adjudication organisée le 9 décembre 2025, il a mobilisé 35,728 milliards de FCFA, un résultat qui dépasse légèrement le montant initial visé (35 milliards) et témoigne d’un regain de confiance des investisseurs, tant nationaux que régionaux.
Objectif atteint et au-delà
L’opération prévoyait la mise en adjudication de 35 000 millions FCFA. À la clôture, les souscriptions ont atteint 35 828 millions FCFA, soit un taux de couverture de 102,37 %.
Au final, 35,728 milliards ont été retenus, ce qui représente un taux d’absorption de 99,72 %. Seules 100 millions FCFA ont été rejetés.
Ce qui a été proposé et ce qui a été retenu
Trois types de titres ont été offerts aux investisseurs :
- Un Bon Assimilable du Trésor (BAT) à 182 jours (écheance en juin 2026) ;
- Un BAT à 364 jours (échéance décembre 2026) ;
- Une Obligation Assimilable du Trésor (OAT) à 3 ans (échéance décembre 2028).
Résultat : le BAT 182 jours n’a pas été retenu (les 100 millions FCFA ont été rejetés). En revanche :
- Le BAT 364 jours a mobilisé 17,822 milliards FCFA, à un rendement moyen pondéré d’environ 7,31 %.
- L’OAT 3 ans a capté 17,906 milliards FCFA, à un rendement moyen pondéré d’environ 7,94 %.
Qui a répondu à l’appel ?
L’opération a attiré 15 participants issus de plusieurs États membres de l’UEMOA, ce qui confirme l’intérêt régional pour les titres sénégalais.
Confiance, signe favorable, mais fragilité
D’abord, le fait que la demande ait dépassé l’offre couverture > 100 % et que l’État ait presque tout absorbé, est un signal fort de confiance des investisseurs dans la « signature » sénégalaise. Cela montre que, malgré les incertitudes économiques globales, les investisseurs privilégient toujours les titres publics sénégalais comme refuge fiable.
Ensuite, les rendements entre ~7,3 % et ~7,9 % selon la maturité restent attractifs, ce qui maintient l’équilibre entre risque et rendement dans un environnement souvent instable.
Mais ce succès ne dissipe pas les défis. Mobiliser par la dette publique, même à l’intérieur de l’espace UEMOA, signifie un accroissement de l’endettement à moyen terme. L’État devra gérer avec soin les échéances à venir pour éviter une pression insoutenable sur la trésorerie.
Une stratégie de recours croissant au marché UMOA
Cette opération n’est qu’un maillon dans une série d’émissions régulières du Sénégal en 2025. Quelques mois plus tôt, en mai, Dakar avait levé 193 milliards FCFA sur le marché régional, bien au-delà de l’objectif visé.
Cette dynamique reflète la stratégie de l’État de se financer de plus en plus via le marché régional, jugé plus sûr et plus accessible que les marchés internationaux, particulièrement dans un contexte de coûts d’emprunt extérieurs élevés.
Ce qu’il faut suivre désormais
- La capacité du Sénégal à honorer ses échéances, surtout si l’appétit des investisseurs venait à diminuer.
- L’évolution des rendements : s’ils grimpent, le coût de la dette pourrait peser lourd.
- L’impact de ces financements sur les projets publics : dans quelle mesure ces ressources seront-elles utilisées pour des investissements productifs ou simplement pour refinancer des dettes existantes ?
Avec cette levée de 35,72 milliards FCFA, le Sénégal prouve qu’il garde les yeux rivés sur le marché régional, capable d’attirer des capitaux malgré un contexte économique chahuté. Mais au-delà du succès ponctuel, c’est la gestion prudente de ces financements et l’efficacité dans l’utilisation des fonds qui détermineront si ce pari se transforme en tremplin pour la croissance, ou en alourdissement de la dette. Le temps dira si cette confiance des marchés était bien placée.
La Rédaction


