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Microfinance au Mali : Kafo Jiginew face au défi de la modernisation et de la réglementation.

En Afrique de l’Ouest, la microfinance joue un rôle vital dans l’accès aux services financiers des populations à faibles revenus, des femmes et des micro-entrepreneurs. À fin 2024, l’UEMOA comptait plus de 19 millions de clients en microfinance, avec un encours global de crédit de 2 656,7 milliards FCFA. Le Mali, bien que moins industrialisé, est un acteur important avec des institutions comme Kafo Jiginew, Nyèsigiso, Soro Yiriwaso ou Wakili.


Kafo Jiginew, pionnier et leader communautaire

Créée en 1987, Kafo Jiginew est l’un des plus grands systèmes financiers décentralisés du Mali. L’institution compte plus de 340 000 membres, un encours de crédit supérieur à 60 milliards FCFA en 2023, et un taux de remboursement dépassant les 96 %. Elle dispose de plus de 120 agences réparties sur tout le territoire.

Kafo finance essentiellement des activités agricoles, le petit commerce et les services urbains tels que la restauration et le transport artisanal. Sa force réside dans son ancrage communautaire et sa capacité à offrir des produits adaptés aux clientèles exclues du système bancaire traditionnel.


Les nouvelles normes de la BCEAO : un défi structurant

Depuis 2023, la BCEAO a renforcé ses critères réglementaires pour les Systèmes Financiers Décentralisés (SFD), notamment en imposant un ratio d’autosuffisance opérationnelle supérieur à 130 %, un capital minimum rehaussé, ainsi qu’un renforcement de la gouvernance à travers audits et comités indépendants. Plus de 40 % des SFD maliens sont actuellement en dessous de ces exigences.

Kafo Jiginew doit ainsi accélérer sa digitalisation, automatiser son reporting financier et renforcer sa gouvernance interne, ce qui représente un coût élevé en investissement informatique, formation et audit externe.


Vers une microfinance plus digitale

Depuis 2022, Kafo Jiginew pilote plusieurs projets innovants : lancement d’une application mobile pour le suivi des comptes et paiements, partenariats avec des fintechs locales comme Wari et Orange Money, et développement d’une plateforme de notation de la clientèle basée sur les données transactionnelles. Ces innovations visent à réduire les coûts, sécuriser les transactions et attirer une clientèle plus jeune.


Comparaison avec d’autres acteurs majeurs du secteur

Le secteur malien de la microfinance comprend plusieurs institutions importantes qui évoluent à différents rythmes vers la modernisation. En 2023, Kafo Jiginew affichait un encours de crédit de plus de 60 milliards FCFA avec plus de 340 000 membres actifs et un taux de remboursement supérieur à 96 %. Nyèsigiso suivait avec 45 milliards FCFA d’encours, 300 000 membres et un taux de remboursement d’environ 92 %, mais était moins avancée en digitalisation. Soro Yiriwaso, avec 35 milliards FCFA d’encours et 120 000 membres, présentait un taux de remboursement autour de 95 % et un niveau moyen de digitalisation.


Défis persistants pour les SFD maliens

Malgré leur importance, les SFD font face à plusieurs contraintes : des taux d’intérêt élevés (entre 18 % et 24 %) pour couvrir les risques, une rentabilité faible due aux charges de personnel, aux pertes sur prêts et aux coûts liés aux audits, ainsi qu’une menace de concentration avec le risque de fermeture ou de fusion des plus petites structures.

Kafo Jiginew illustre la capacité du secteur de la microfinance malien à évoluer malgré des contraintes fortes. La réussite de cette transformation dépendra de la digitalisation, de la gouvernance renforcée et du soutien des partenaires techniques. Ces éléments sont clés pour garantir une microfinance inclusive, pérenne et conforme aux nouvelles exigences réglementaires.

La Rédaction

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