Skip links

UMOA : Le crédit bancaire face à un tournant décisif.

Dans l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA), le crédit bancaire est souvent présenté comme l’un des moteurs essentiels du financement de l’économie. Pourtant, malgré une abondance de liquidité dans les banques, l’accès au crédit demeure limité pour les ménages et les entreprises. Le mois de juin a ravivé le débat, certains observateurs évoquant un possible tournant pour ce marché vital.


Un marché du crédit en panne de souffle

Selon les données régionales, la croissance annuelle du crédit bancaire a ralenti ces dernières années. Elle est passée de 14,2 % en 2022 à 10,3 % en 2023, un ralentissement directement lié aux conditions de liquidité et aux choix de politique monétaire de la BCEAO.
En clair, les banques disposent d’importants dépôts, mais ces ressources ne se traduisent pas forcément en prêts pour les acteurs économiques. Résultat : le crédit bancaire ne dépasse toujours pas 30 % du PIB de la zone, un chiffre bien en déçu des économies émergentes où ce taux franchit parfois les 140 %.


Pourquoi les crédits stagnent-ils ?

Plusieurs facteurs expliquent cette situation paradoxale :

  • La prudence des banques : elles préfèrent placer leurs liquidités dans des titres d’État jugés plus sûrs que de financer des PME perçues comme risquées.
  • Le coût élevé du crédit : les taux d’intérêt restent souvent prohibitifs pour les petites entreprises et les ménages.
  • Un accès restreint : le manque de garanties fiables écarte une grande partie des acteurs informels du circuit bancaire.

Ainsi, malgré les efforts de la BCEAO pour stimuler le crédit, les mécanismes de transmission restent faibles, laissant une partie importante de l’économie hors financement.


Juin, mois charnière ou simple étape ?

Si certains analystes ont présenté juin comme un moment charnière, les données publiques ne confirment pas encore un véritable basculement. Les discussions récentes autour de la politique monétaire et du marché des titres publics ont surtout mis en lumière une tension : comment réorienter les liquidités excédentaires des banques vers le financement productif ?

Des signaux de réformes circulent :

  • Un suivi plus strict des banques pour encourager le financement de l’économie réelle.
  • Des incitations fiscales ou réglementaires en faveur du crédit aux PME.
  • Un débat grandissant sur la nécessité de développer des instruments alternatifs (capital-investissement, microfinance, marchés de capitaux).

Un enjeu crucial pour la croissance

L’avenir du crédit bancaire dans l’UMOA dépasse la seule dimension technique. Il s’agit d’un enjeu de développement. Sans un accès facilité et élargi au financement, l’économie de la sous-région risque de rester prisonnière de sa faible transformation structurelle.

Les prochains mois diront si juin 2025 marquera une véritable inflexion ou s’il ne s’agissait que d’une étape supplémentaire dans un long processus de réformes. Une chose est certaine : le crédit demeure le nerf de la guerre pour libérer le potentiel économique ouest-africain.


En définitive, l’histoire du crédit dans l’UMOA ressemble à un puzzle inachevé : les pièces sont là — liquidité, institutions, volonté politique — mais il manque encore le déclic qui permettra de transformer ce capital dormant en levier réel pour la croissance et l’inclusion financière.

La Rédaction

Accueil
Recherche
Top
Découvrir
Drag