UEMOA : Une croissance économique solide mais sous surveillance.

L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qui regroupe huit pays partageant la même monnaie (le franc CFA), affiche une dynamique économique encourageante. Mais cette performance reste fragile face à plusieurs défis internes et externes.
Une croissance bien orientée
Selon les dernières prévisions des institutions régionales, la croissance du produit intérieur brut (PIB) de l’UEMOA devrait atteindre 6,3 % en 2025, après 6,2 % en 2024. Cette progression est soutenue par des secteurs moteurs comme l’agriculture, l’industrie extractive (pétrole, or) et la transformation locale.
La Banque mondiale, de son côté, reste légèrement plus prudente, avec une estimation de 6,1 % pour l’ensemble de la zone. Cette révision à la baisse s’explique notamment par le ralentissement attendu dans certains pays comme le Sénégal ou le Mali.
Des prix plus stables pour les consommateurs
Après plusieurs années de flambée des prix, l’inflation recule nettement dans l’Union. Elle est passée de 4 % à 2,9 % fin 2024, et pourrait atteindre 2,7 % en 2025. Cette baisse s’explique par la bonne saison agricole, qui améliore l’offre de produits locaux, et la diminution des prix internationaux du pétrole et des produits alimentaires importés.
C’est une bonne nouvelle pour les ménages, dont le pouvoir d’achat avait été fortement affecté ces dernières années.
Moins de déficit budgétaire
Sur le plan des finances publiques, les États membres ont réussi à réduire leur déficit global, passé de 6,2 % du PIB en 2023 à 5,1 % fin 2024. Pour 2025, l’objectif est de descendre en dessous de 4 %, ce qui montre un retour progressif à une gestion plus rigoureuse des budgets nationaux.
Cela est dû à la hausse des recettes fiscales, à un meilleur contrôle des dépenses, mais aussi à l’appui financier des partenaires comme le FMI ou la Banque mondiale.
Amélioration de la balance des paiements
L’UEMOA a enregistré un excédent extérieur supérieur à 1 700 milliards FCFA. Ce bon résultat vient en grande partie des exportations agricoles (coton, cacao, anacarde), minières et pétrolières. Le déficit du compte courant, qui mesure les échanges commerciaux et financiers avec le reste du monde, est passé de 9,4 % à 6,4 % du PIB.
Ces chiffres montrent une meilleure intégration de la région dans le commerce mondial.
Inclusion financière et réformes
Le Conseil des ministres de l’UEMOA, réuni à Dakar en avril 2025, a adopté une stratégie régionale pour l’inclusion financière. Elle vise à élargir l’accès des populations aux services bancaires, notamment via le mobile banking et les institutions de microfinance.
En parallèle, un nouveau pacte de convergence a été validé pour renforcer la discipline budgétaire et rapprocher les économies de l’Union autour de critères communs.
Une stabilité à préserver
Malgré ces progrès, des risques importants demeurent :
- Les aléas climatiques, qui affectent l’agriculture, pilier de nombreuses économies.
- La dette publique, encore élevée dans plusieurs pays.
- Les instabilités politiques et sécuritaires, notamment au Sahel, qui perturbent les activités économiques.
- Les fluctuations des prix internationaux, pouvant rapidement renverser les tendances positives.
L’UEMOA aborde 2025 avec des fondamentaux économiques solides : croissance stable, inflation maîtrisée, finances publiques en voie de redressement. Mais pour garantir un développement durable et inclusif, les États devront rester vigilants et poursuivre les réformes structurelles entamées.
La Rédaction